Voici un texte dzogchen très ancien rapporté au Tibet par Vairocana, le premier maitre tibétain du dzogchen.
"La nature des phénomènes est non-duelle,
mais chacun dans son état propre est au-delà de l'esprit
Nul concept ne peut définir la condition de ce qui est
mais la vision se manifeste: tout est bon.
Tout est déjà accompli, c'est pourquoi ayant vaincu la maladie de l'effort,
on se trouve dans l'état d'autoperfection : c'est la contemplation"
Cité par Naimkai Norbu, dans Dzogchen, Ed. Les deux Océans.
Et voici un extrait du commentaire de Naimkai Norbu de ce texte. Ici Naimkhai nous dit que la vision de Rigpa, c'est-à-dire la vision de la vacuité, doit intégrer chacune de de nos actions :
« Quand on commence à pratiquer, on préfère habituellement se retirer dans un lieu solitaire, parce qu'on a besoin de trouver un état de calme et d'équilibre mental. Mais quand on commence à avoir une expérience réelle de l'état de contemplation il faut l'intégrer à toutes les activités quotidiennes comme marcher, parler, manger et ainsi de suite. Un pratiquant dzogchen n'a jamais besoin d'abandonner la société et se retirer pour méditer au sommet d'une montagne. Ceci est particulièrement inadapté à notre société moderne, dans laquelle il nous faut tous travailler pour manger et vivre normalement.
Pratiquer signifie s'intégrer à la vision. Le terme vision inclut ici toutes nos perceptions sensorielles. Que je sois dans une pièce entrain d'écouter une musique agréable, ou ailleurs où il y a un bruit assourdissant, comme dans une usine, ne devrait faire aucune différence, parce que tout cela fait partie de la vision. Que je sente un parfum délicat d'une rose, ou la puanteur des toilettes publiques, ceux ci font également partie de la vision et, dans la contemplation, cette vision est perçue comme la manifestation de l'énergie de l'état primordial, sans rien à rejeter ni à accepter. Se trouver dans un état de présence détendue, intégré à toute perception est l'essence de la pratique. »