L'autre jour, lors d'un de mes cours à Sciences Po, j'emploie l'expression "exception française" : c'est bien le moins, lorsqu'on discourt sur la géopolitique de la France. Mais comme j'ai un tiers d'Américains, un quart de Canadiens et un quart d'autres étrangers, je m'aperçois soudainement qu'ils n'ont jamais entendu parler de cette exception française.
Et que ce qui nous semble à tous sinon clair, du moins familier, n'a absolument aucun sens à l'extérieur.
Bon, il a fallu pédaler pas mal pour évoquer l'aspect politique (De Gaulle dans les années 1960) pour dériver sur l'aspect culturel (lutte contre la mondialisation, transformée en "exception culturelle"), sur les modèles universalistes, sur le déclassement, et sur les représentations mentales collectives qui appartiennent, incontestablement, à la géopolitique.
Et voir que cette notion nous est si particulière et qu'elle n'évoque rien à l'extérieur, prouve clairement qu'on touche là à un profond ressort de la géopolitique française : non que cette exception soit une réalité, mais à tout le moins qu'elle est vécue comme une réalité.
O. Kempf