La plume vivante de Laurent Herrou observe et détaille ce monde du mensonge-roi, des compromissions et des petites abjections. “Les autres sont indiscernables et indissociables. Ils forment un ensemble compact qui se déplace en crabe, comme une cellule sur la défensive, un virus. Piquant.”
De cette écriture simpliste éclate la Vie.De ces phrases déconstruites, plus proches du langage parlé que de la littérature, prennent vie des personnages, se cristallisent des situations.
Voilà, sous l’apparente facilité, bien du travail, de la rigueur. Du talent. Une œuvre littéraire.
“L’alcool qui aide. Àpasser du vous au tu. Àpasser les caps. Àdépasser les bornes.
Je ne réponds pas. Je tourne le dos. Je prends mon portable.
Je fais comme tout le monde.
Je ne m’embarrasse pas.
Je m’adapte.”
La postface de Nicolas Brulebois propose une autre lecture de ce texte à clefs et lève le voile sur le microcosme de la littérature gay de Guillaume Dustan et sa collection Le Rayon. Pour avoir fait partie de ce milieu, le talent de Laurent Herrou dépasse l’inscription au sein d’un microcosme et sa description d’un cocktail littéraire ne doit rien au milieu gay auquel il n’est pas jamais fait allusion.
“Roland demande : Vous écrivez quoi ?
JE ne sais pas répondre à ça. JE ne sais pas ce que j’écris. J’écris, c’est déjà ça.
Ça ne suffit pas.
On attend autre chose.
Des romans je dis d’abord.
Et puis : un roman.
Et puis : un livre.
Et puis : mon premier livre vient de sortir. Il y a dix jours.
Je corrige, je modifie.
J’affine la réponse, Je la réduis.
Je dis la vérité.
Toute, et rien que.
Je le jure.
Roland ne demande pas de quoi ça parle.
A ça non plus je ne sais pas répondre.”
L’auteur
Laurent Herrou vit à Nice et, outre Laura, est l’auteur des romans Femme qui marche (H&O, 2003) et Je suis un écrivain (Publie.net, 2008).