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Top14 : Le Top13 de la honte.

Publié le 20 février 2011 par Lben

Alors que les journalistes se sont focalisés sur le principe des doublons qui veut que le Top14 se déroule pendant le Tournoi sans les internationaux, prétendant que cela faussait la compétition, que dire, alors, de ce qui se passe du côté de Bourgoin où les joueurs, un à un, sont laissés libre d’aller finir la saison dans les autres clubs de Top14, ravis de l’aubeine. Que dire du fait que certains clubs, qui ont perdu à Bourgoin, en début de saison, se sentent lésés, voyant, maintenant, leurs adversaires directs l’emporter facilement face à une équipe de cadets 2 de l’Isère ? Explications…

Bourgoin se vide de ses talents : mais que fait la police ?

Les joueurs Berjalliens partent les uns après les autres. Cette semaine, c’est Sylvaire Tian à Agen et Rudi Cotzee à Perpignan. Après les départ de Nadolo, Buckle et Tulou, cela commence à faire beaucoup. Pourtant, c’est la seule solution pour sauver le club. Celui-ci a engagé une course contre la montre pour alléger ses finances et sauver sa place dans le monde professionnel. Face à un déficit qui s’annonce abyssal, c’est le seul moyen pour maintenir à flot un club en perdition financière et permettre à quelques joueurs de ne pas se retrouver enfouis avec les décombres. La police, elle, est plutôt contente de la situation. Le DNACG, l’organe de contrôle financier du rugby professionnel, ne peut qu’applaudir des 2 mains. Cet exode permet à la fois de masquer une certaine complaisance dans ses précédentes décisions et d’éviter de devoir encore mettre à mort un club professionnel après les Montauban, Colomiers et autres Béziers. Mais la bataille est loin d’être gagnée.

Cette situation, qui voit des clubs vivre au-dessus de leurs moyens est logique. Aujourd’hui les budgets demandés pour exister en Top14 se situent au-delà de 10 millions et des villes de taille moyenne comme Bourgoin, Montauban, Albi ou Béziers n’ont plus les moyens d’exister à ce niveau-là. Cela ne devrait, d’ailleurs, plus être le cas depuis un certain temps, déjà, si la FFR avait su faire un travail de développement du rugby dans les zones où son élite n’est pas représenté ( Lille, Nantes, Rennes ou Tours ) et dans les grandes villes avec un passé rugby fort ( Lyon, Bordeaux et Grenoble ). Mais, au lieu de cela, le rugby hexagonal a continué à naviguer à vue et ce sont, évidemment, les zones fortes comme le Sud-Ouest qui ont gardé le pouvoir et l’élite. La situation est maintenant en train de changer, car le poids de l’économique est trop fort, mais c’est uniquement le fait d’investisseurs extérieurs dont la passion pour le rugby n’est pas toujours la raison unique.

Un championnat de plus en plus faussé :

Côté terrain, par contre, les choses sont bien différentes. Que dire d’un championnat où, en cours de saison, une équipe s’affaiblit pour en renforcer d’autres, dont certaines, d’ailleurs, peuvent aussi présenter des défauts de finances, qui sait ??? Les prochains adversaires qui se déplacent à Pierre Rajon, les Racing-Métro, Montpellier, Castres et Biarritz voient ainsi tomber dans leur escarcèle une victoire à l’extérieur à peu de frais, là, où, Agen et Brive ont perdu beaucoup en début de saison.

Bien sûr que cela fait un moment que Bourgoin a perdu tout espoir de maintien et que cela s’est d’abord fait de manière sportive. Mais il n’est quand même pas normal, qu’en cours de saison, un club puisse recevoir une pénalité de 5 points au classement pour mauvaises finances. C’est un mélange des genres qui est dommageable pour l’équité sportive. Et ce, d’autant plus que la DNACG avait laissé le club Isérois démarrer la saison. C’est vrai que le club Berjallien a embelli les comptes, mais il faut arrêter de prendre des promesses d’engagement de soi-disant partenaires pour argent comptant.

La LNR a fixé une excellente règle qui impose aux clubs un fond de réserve, protection contre les temps difficile. Comment est-il alors possible que la situation Berjallienne en soit-là. Obligé de brader ses joueurs pour économiser immédiatement et éviter le pire. Cela sous-entend que le fond de réserve était, dès l’entame de la saison, absorbé par les fausses promesses budgétaires. Du coup, c’est tout le château de carte Isérois qui s’écroule et qui créé des effets colatéraux. Si Alex Tulou marque un essai à la dernière minute de la 26ème journée et qualifie Montpellier au dépend de Castres ? Si Sylvère Tian marque la transformation de la gagne pour Agen, envoyant Brive en ProD2 ? Sachant que, du coup, La Rochelle se sera sauvé pour avoir gagné à Pierre Rajon a un moment où cela devenait facile de le faire. Tous ces exemples, et ils ne sont pas les seuls, représentent la matérialisation d’un championnat bien plus faussé que par la présence de quelques matchs doublons. Ce n’est pas normal.

Il est urgent pour la LNR de revoir ses règles de gouvernance au point de vue financier. C’est d’autant plus urgent que, comme chaque année de Coupe du Monde, le Top14 va subir une inflation sérieuse des salaires, inflation causée par la course à l’armement que se livrent les clubs, à la fois en quantité, pour compenser les nombreux matchs doublons, et en qualité, pour chasser les internationaux prêts à mettre leur carière internationale entre parenthèses. La LNR doit prendre des décisions fortes en matière de gouvernance financière. Il en va de la crédibilité de notre championnat…


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