La "pauvre victime du politiquement correct" a été, en première instance, et définitivement s'il ne fait pas appel, condamné par la justice, même si la condamnation est légère. "(...) le tribunal a considéré que le polémiste avait bien incité à la discrimination raciale car, «par cette phrase catégorique et péremptoire, il justifie directement et clairement les contrôles, aussi arbitraires que systématiques, envers certaines catégories de population».Concernant ses propos sur la discrimination à l’embauche, les magistrats ont jugé que le prévenu ne pouvait «légitimer une pratique illégale, en la présentant comme licite.» En d’autres termes, écrivent-ils, Eric Zemmour a «dépassé les limites autorisées du droit à la liberté d’expression» et ce d’autant plus que c’est «un professionnel des médias et de l’expression (...) qui revendique la maîtrise des mots et de leur portée»." Légère, car de tels propos visent, d'un côté, à montrer du doigt des personnes en fonction de leur identité et de leur couleur de peau, à l'attention de celles et ceux qui n'ont pas cette identité et cett couleur de peau, pour les stigmatiser et inviter ces derniers à la méfiance voire à l'hostilité, à les blesser moralement, et à provoquer des divisions et des tensions entre des personnes qui se reconnaissent dans l'image communautaire, "je suis blanc", "je suis arabe", etc. Ce ne sont que des mots-actes et néanmoins ils sont autrement plus graves qu'un simple vol, réduit à son fait, à sa valeur, à sa limite. Par leur médiatisation, de tels propos atteignent l'ensemble des consciences et conduit à des propos et des analyses d'une stupidité sans nom. Pour preuve, au dernier congrès du FN, Zemmour a été, en son absence, acclamé par des "Zemmour Président". Homme des médias, c'est par ces mêmes médias que les sentiments et les "idées" communautaro-narcissiques prospèrent. On nous dit que Marine Le Pen monte dans les sondages, alors que le FN est politiquement un parti quasi inexistant, avec quelques élus à peine, pour l'ensemble des fonctions politiques nationales (département, région, assemblée nationale, parlement européen, conseils municipaux). Mais les médias jouent à fond la carte FN, avec des reportages, des émissions, des débats, dont les principes d'interprétation de la realité relèvent de l'extrême-droite. Zemmour est condamné, mais Yves Calvi dans "C dans l'air" pose des "questions" dont les principes sont toujours de droite; Brunet est en roue libre, en tant que "réac" déclaré, etc. L'interprétation communautariste du monde joue à fond : les plus riches habitants du 16ème arrondissement de Paris s'y retrouvent totalement, par la distinction qu'ils opèrent entre les "gens bien" (eux, les plus riches), et les autres (les pauvres, et symbole de ceux-ci, les immigrés). La majorité des citoyens ne se retrouvent ni dans ces sentiments ni dans ces idées ni dans cette situation économique qui conduit des individus à croire qu'ils forment une classe, la meilleure, mais la majorité civique n'a pas la parole dans les médias et cette majorité est attaquée par une propagande permanente qui finit par en atteindre certains, qui perdent la raison. Un jour, ils se réveillent en se disant que, "oui, en effet, les délinquants sont plutôt comme ceci", ou "comme cela". Les condamnations en justice de M. Le Pen comme de M. Zemmour sont une chose, mais elles sont insuffisantes. Sans des médias dignes de ce nom, qui cesseront, quotidiennement, de provoquer les citoyens à l'ignorance et à la bêtise, par toutes les simplifications possibles, mais aussi par la désinformation, voire même les mensonges, les citoyens, la conscience lavée de toutes ces pollutions mentales, pourront se regarder, s'écouter et se voir, tels qu'ils sont, et non tels qu'ils sont racontés-réduits par ces "médias".