«Je ressens de bonnes vibrations.» Philippe Rubod est le nouvel homme fort de Crans- Montana Tourisme (CMT). Nommé en janvier, le directeur a pris ses quartiers au cœur de la station, il y cinq jours seulement. Il est encore en phase d’apprentissage et d’écoute. A un rythme soutenu, il rencontre qui les présidents du Haut-Plateau, qui les promoteurs immobiliers, qui les hôteliers.
«J’ai été chaleureusement accueilli par les acteurs de la communauté».Le directeur prend cela comme un augure favorable. Interview d’un personnage classe, qui fait de la qualité et de l’authenticité les piliers de son action.
Philippe Rubod, vous avez travaillé pendant trente ans dans l’hôtellerie de grand luxe. Pourquoi reprendre la structure touristique de Crans-Montana?
Fondamentalement, je n’ai pas changé de métier. Les ingrédients de base sont les mêmes: accueillir, servir et promouvoir. J’envisage ma mission simplement à une autre échelle. Et puis, il ne faut pas se forcer pour être sous le charme d’une région, qui est sans doute l’une des plus belles du monde.
Quelle image vous renvoyait Crans-Montana avant de vous y installer?
Une image qualitative. Crans-Montana est une marque mondiale, connue et reconnue qui a un potentiel de développement très important. A travers son nom et ses événements comme l’Open de golf, elle a une valeur incontestable. L’un des objectifs sera d’utiliser encore davantage ces événements comme une plateforme de communication et de promotion de la destination. Il faudra augmenter les synergies avec les organisateurs et les sponsors, en développer d’autres. Je suis quelqu’un qui aime créer. C’est inscrit dans mon ADN.
Quelles priorités ont été fixées par le comité de CMT?
Il y a trois objectifs prioritaires: dynamiser l’image de Crans-Montana, ouvrir de nouveaux marchés et renforcer les liens avec les acteurs locaux. Je suis un homme de contact et de terrain. Il faut rassembler les énergies autour d’un but commun. Je revendique des compétences pour cela. Dans un premier temps, je vais rencontrer ceux qui font la destination et écouter ce qu’ils ont à dire, pour m’imprégner de l’environnement. Dans un deuxième temps, j’agirai.
Les directeurs qui vous ont précédé voulaient tous redynamiser l’image de Crans- Montana. Vous pensez être mieux armé pour le faire?
Il n’y a rien d’anormal dans cet objectif. Le monde est en perpétuelle évolution. Il y a le besoin de réunir un consensus sur la définition et le positionnement de la destination, afin de bâtir quelque chose de durable. J’ai senti au contact des présidents des six communes cette envie de progresser pour clarifier l’image de Crans-Montana.
Mais Crans-Montana est un microcosme particulier. Il y a six communes, six présidents, six egos à gérer . Votre prédécesseur s’est heurté à ces politiques. Devrez-vous vous effacer?
Ce morcellement doit échapper au touriste. Moi, je ne peux pas l’ignorer, car il a forgé l’histoire et la culture de la région. Je ne vais pas faire cavalier seul, le succès sera collectif ou ne sera pas. Ma carrière est marqué par la gestion des crises et du changement. Mon expérience sera utile. Si un objectif est clairement formulé, il permettra de dépasser les intérêts particuliers. Le directeur est un facilitateur et un rassembleur. Je suis plutôt un homme de consensus, mais je ne perds jamais de vue ma ligne stratégique. Qu’il y ait de fortes personnalités, c’est bien. Je préfère cette situation à des gars sans énergie. Les présidents ont des responsabilités importantes et doivent rendre des comptes. On doit faire avec ces ingrédients et en tirer le meilleur parti. J’aime les défis. Si le poste de directeur consistait à constater que tout fonctionne, alors le travail n’est pas pour moi.
On a clairement le sentiment que Crans- Montana ambitionne de devenir à nouveau une station luxueuse, mais qu’elle n’ose pas le communiquer.
Il faut positionner Crans-Montana dans le haut de gamme. On ne devrait pas avoir honte de le dire. Lorsque les hôtels de luxe sont pleins, les établissements moyen de gamme et économiques le sont aussi. L’inverse n’est pas vrai. C’est une évidence, le haut de gamme tire en avant tout le reste. Conserver et développer le secteur hôtelier est important. CMT a un rôle primordial à jouer, en explorant de nouveaux marchés, à l’Est notamment, pour attirer des touristes d’hôtellerie. Je préfère placer le débat sur la qualité et l’authenticité. Je vais m’appuyer sur ces piliers pour développer mon action. Je veux faire de Crans-Montana LA référence des Alpes suisses en matière d’accueil. Je vous donne un exemple: lorsque vous entrez dans un restaurant ou un hôtel, dès les premières minutes, vous savez si votre séjour se passe à merveille. Ces premières minutes sont primordiales. Si vous vous plantez, le client ne vous pardonnera pas. Tout commence par l’accueil.
- Source: Le Nouvelliste du 19 février 2011, un article signé Bertrand Crittin
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