Magazine Focus Emploi

Décisions et déclarations sous la dictature du présent immédiat

Publié le 20 février 2011 par Christianregouby

Je suis chaque jour un peu plus frappé de constater le décalage qui existe entre la façon dont les dirigeants du monde politique prennent leurs décisions et la perception  qu’en ont ceux  sur qui elles s’exercent. Tout se passe comme si coexistaient deux mondes hermétiques, deux planètes dissociées.

Tout se passe comme si le champ de conscience de ceux qui parviennent au sommet des pouvoirs se rétrécissait dès lors qu’ils étaient en place. Beaucoup de  dirigeants sont comme déconnectés de la perception et des effets produits par leurs décisions.

Comment peut-on décider de proposer publiquement de dédier l’Année du Mexique à Florence Cassez, condamnée et détenue par la justice mexicaine sans anticiper l’onde de choc délétère qu’une telle déclaration produira au détriment de la française elle-même ? De même,  comment peut-on décider de ne pas dire toute la vérité d’emblée quand on est la Ministre des Affaires étrangères de la France et que l’on a fait l’erreur d’un voyage privé en Tunisie dans les conditions que l’on connaît. Le pouvoir rend autiste. Ce n’est pas nouveau. Mais ce qui est nouveau ce sont les conséquences que ces faux pas génèrent à travers les phénoménales caisses de résonnances des nouvelles technologies de l’information.La fulgurance de la diffusion de l’information cloue au pilori les décideurs et leurs déclarations imprudentes. Elles provoquent le plus souvent de graves « dégâts collatéraux » pour employer le pudique langage des militaires.

La réflexion sur ce qui fonde une décision, et la prise en compte contextuelle de ce qui rend légitime et crédible une déclaration, sont plus que jamais des censeurs implacables pour tout décideur.

La dictature d’un présent immédiat soumet les décideurs à une forte pression. Tout les incite à réagir précipitamment aux pulsations émotionnelles du quotidien. Ces deux exemples pris dans l’actualité politique récente n’ont malheureusement rien à envier à la sphère des dirigeants du secteur privé et à celle des institutions publiques dont les décideurs adoptent trop souvent aujourd’hui les mêmes comportements.

Il est urgent de réapprendre à décider et à prendre la parole à partir de nouveaux critères. Prendre le temps d'aller vite est une nécessité. Cela oblige à 'être capable d' expliquer ce qui fonde sa décision. Cela implique aussi de démontrer que l'on a conscience de tous les effets que vont provoquer ses déclarations. Il en va de la responsabilité, de la confiance et de la crédibilité de chaque dirigeant.


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Christianregouby 17 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte