JP Dionnet, Laurent Theureau
Dargaud 2011
Jean Pierre Dionnet, grand gourou de la bande dessinée et de comics, (re) connu pour être l'un des fondateurs de la revue Metal hurlant (1974), scénariste de bonnes séries SF et spécialiste de cinéma de quartier connait bien Laurent Theureau, avec lequel il a collaboré sur l'essentiel des albums de ce dernier, dont "l'Age de miséricorde" en 1993.
Theureau quant à lui, bien qu'il ne soit pas l'un des dessinateurs les plus connus du grand public (en effet, à part la Trilogie d'Ellis d'"Exterminateur 17" (2003-2008), scénarisée par Dionnet, il n'est seulement auteur de de quelques one shot) possède une belle touche particulière reconnaissable entre mille qui pourrait être seulement comparée à celle de l'auteur espagnol Michelangelo Prado. (même trait craie - yonneux")
* Trilogie dont le premier tome (qui devait être unique ?) de cette série "culte" oserais-je dire a été dessiné par Bilal en... 1979 !
Dionnet repart donc au long cours sur ce qui devrait être au final une saga de science fiction, en nous offrant d'entrée avec la communication associée l'opportunité de visualiser son idée, (30 albums prévus) et de planifier ses sorties, très rapprochées. (!!) C'est plutôt une grande et bonne nouvelle.
L'ambiance comics mainstream n'a jamais été aussi présente dans ses autres albums, et si au premier abord graphique, l'univers moebiusien saute aux yeux, (grands espaces, désert) on n'est pas loin non plus de Marvel avec ces personnages en collant se déplaçant dans le ciel. La seule différence résidant dans le fait que d'emblée les super-héros ne sont pas des hommes mais des Dieux, et que les hommes ont presque tous disparus.
En effet, si le récit s'appuie sur le constat que 66 "immortels" sont apparus enfants dés 1929, recueillis par les hommes, celui-ci commence en 2047 (...)
Mais que se passe t-il dans ce premier tome ? :
Dans un désert, d'aspect américain, deux Dieux : le seigneur de mouches et le N° 1 s'affrontent à la manière de super héros ou d'Asgardiens (déplacement d'éléments : terre eau, feux...). Si on ne saisit pas bien le pourquoi de cet affrontement, 13 pages de vrais faux articles de presse de l'époque ("Nouvelles du monde") s'ajoutent en fin de volume, afin de permettre peut-être une meilleure compréhension du contexte.
Une des scènes les plus intéressantes demeure néanmoins le passage où la Reine des neiges, la compagne du seigneur des mouches est invitée à aller voir le nouveau né d'un de ses rares "amis" humains : "Jo", séparé d'eux avec sa famille par une sorte de coupole géante (les Dieux et les homme de fraient pas, et il faut les préserver les pauvres survivants!), parce que cela est... émouvant d'après elle.
Ce passage pique la curiosité, tout comme la destruction ensuite de l'habitat très high tech de notre couple divin par l'autre Dieu revanchard, les laissant dans une situation de souffrance presque humaine..
On imagine que ces évènements, finalement assez anodins au regard de la courte durée de l'album, (48 pages, mais agencé en grandes cases plutôt flashy) trouveront d'avantage d'explications et de rebondissements dans les suites imaginées par l'auteur.
C'est en tous cas ce que l'on souhaite à la lecture de "Des Dieux et des hommes", apparemment très ambitieux, mais qui laisse sinon une petite impression de frustration.
> Une inteview sur France culture par Philippe Mandel, pour savoir à Quoi Dionnet a pensé.
> Le blog de Jan Pierre Dionnet