Elle s'appelle Sabine, c'est aussi la déclaration d'amour faite par une femme à sa sœur ; une sœur dont elle a vu l'état empirer progressivement, transformant une jolie jeune fille juste un peu hors du monde en une femme imprévisible et difficilement gérable. Peu importe : les liens du sang semblent plus forts que tout. Et la tendresse réciproque entre les deux femmes se révèle rapidement contagieuse. Alors qu'on aurait certainement détourné les yeux en moins d'une seconde si on l'avait croisée dans la rue, on finit par s'attacher à cette Sabine si agaçante mais si attachante. Quelques pointes d'humour, instants de dérision absolument vitaux, montrent que la vie avec elle est certes une épreuve, mais aussi une joie. Un constat simple et pas manipulateur pour deux sous.
Mais parce qu'il y a une vie en dehors de la famille Bonnaire, la réalisatrice s'éloigne régulièrement du cas de sa sœur pour s'intéresser à deux de ses compagnons d'infortune, Sabrina et Olivier. L'occasion de montrer que l'union fait la force, et qu'il y a autant de types d'autismes que d'autistes. D'où une vraie difficulté à régler leurs problèmes. Le court témoignage de la mère d'Olivier fait état de la culpabilité incessante qui ronge les pères et les mères de ces êtres complètement paumés, conscients de leur état sans vraiment comprendre ce qui leur arrive. Le temps d'un film, Sandrine Bonnaire nous met face-à-face avec eux, et c'est une expérience unique.
8/10
(également publié sur Écran Large)