Quelques jours plus tard, Jean Tibéri, député-maire du Ve arrondissement de Paris, expliquait dans les colonnes du JDD.fr les raisons de son soutien à François Fillon pour une éventuelle implantation à Paris. Une circonscription également convoitée Rachida Dati qui ne cache pas son ennnui à Strasbourg et qui se verrait bien Maire de Paris.
Dans le droit fil de la république irréprochable promise par Nicolas Sarkozy voilà donc Dominique Tiberi, adjoint au maire du 5e arrondissement, chargé des commerçants, du sport et de la jeunesse, promu par le fait du prince au contrôle général de Bercy, le plus important corps d’audit, de contrôle et de conseil du ministère de l’économie et des finances. Belle promotion à 51 ans pour ce cadre d’Air France.
Dans notre monarchie républicaine, la méritocratie a vécu. Peu importe que le contrôle général soit normalement constitué de grands commis de l’État anciens énarques pour la plupart. Peu importe que Dominique Tiberi ne réponde pas à ce profil. Peu importe toujours que la commission d’évaluation ait trouvé le candidat inapte, Nicolas Sarkozy a signé le 19 janvier, le décret portant nomination de l’intéressé.
Christine Lagarde sous ses airs de Mme la marquise est tout aussi politique que ses collègues. Officiellement, la ministre refuse d’y voir un petit calcul entre amis, préférant mettre en avant les qualifications de Dominique Tiberi. Certes celui-ci est titulaire d’un doctorat de gestion mais comment expliquer alors, les diplômes et qualifications de Dominique Tibéri, aient été jugés insuffisants par une Commission indépendante chargée des nominations ?
“Pas vous, pas ici, pas maintenant” répond François Baroin au député socialiste Jean Mallot lorsque celui-ci interpelle François Fillon à l’Assemblée nationale (cf vidéo) sur la nomination litigieuse.
Dès qu’il s’agit d’éthique ou de morale publique, la majorité gouvernementale s’abrite derrière des pratiques du passé au motif qu’elles étaient partagées par la droite et la gauche. Ce faisant elle témoigne de sa déconnexion de la société qui, notamment sous l’emprise de la crise, a fortement évolué et attend désormais de l’exemplarité de la part de ses dirigeants.
Il n’est d’ailleurs pas trés surprenant que les personnalités aujourd’hui mises en cause soient principalement des ex-RPR comme si finalement elles n’avaient tiré aucune leçon du passé judiciaire de cette formation. Le pire est sans doute que la réponse de François Baroin, dans son arrogance, contribue à alimenter le sentiment du “tous pourris” qui fait le lit du Front National.
Même détachement du côté des Corses de la mairie de Paris. Chez Tibéri, on ose tout. C’est même à ça qu’on les reconnaît pourrait-on dire pour paraphraser Michel Audiard. Il y a bien eu le fameux rapport de Xavière , plus récemment la condamnation du couple infernal pour fraude électorale, les Tibéri sont toujours là avec un goût assumé du népotisme. “Dominique Tiberi reste le candidat naturel pour me succéder à la mairie du 5e“ avance même Jean Tiberi en parlant de son fils qui aurait dû, s’il n’avait pas été nommé au poste de contrôleur, prendre la suite de son père comme député de Paris.
Il faut dire que chez l’ancien maire de Paris on aime les plans de carrière. L’affaire a été vite conclue avec Matignon. Un plaçou en or pour Dominique et en échange, une circonscription sur un plateau pour François Fillon qui, à partir de là, disposera d’un nouveau fief indispensable pour pouvoir prétendre à succéder à Bertrand Delanoë.
À la question du JDD de savoir s’il est prêt à accueillir François Fillon dans la seconde circonscription de Paris, Jean Tiberi répond : « Sans problème. Non seulement nous sommes prêts à l’accueillir mais nous le souhaitons. C’est un homme de grande envergure qui, pour Paris, peut jouer un rôle important. Il a la stature et les qualités pour le faire ».
Voilà en tout cas une affaire conclue au bon moment, tant que les Tibéri ont des choses à négocier. En effet si la peine d’inéligibilité prononcée par le tribunal correctionnel le 27 mai 2009 était confirmée, Jean Tiberi serait contraint de démissionner sans délai de ses mandats de maire et surtout de député. La date du procès en appel devrait être connue le 9 mars.