Roman - Ana Edition - 71 pages - 9.50 €
Parution en 2008
Méfiez-vous, il y a aux terrasses des cafés, des gens qui vous inventent une vie ...
L'histoire : Corinne et Paul se retrouve tous les jours dans le même café, avec un whisky. Ensemble, ils parlent de leurs lectures. D'ailleurs, ils sont tous deux libraires. Et c'est tout ce qu'ils savent de l'autre. Jusqu'au jour où Paul ne vient plus au rendez vous tacite... Jusqu'au jour où plus d'un an après, Corinne croit le reconnaître sur une photo d'une exposition... Une exposition de cliché de visages défuns... Corinne "enquête"... et rencontre quelques succulents personnages.
Tentation : La blogosphère
Fournisseur : Livre voyageur de Liliba, merci
Mon humble avis : Depuis le temps que ce livre me faisait de l'oeil. "La libraire a aimé" tourne pas mal sur la blogosphère et d'ailleurs, derrière son auteur se cache la blogueuse Ficelle.
Voici une histoire très touchante et servi par une écriture soignée, élégante et fluide, mélancolique. L'auteur nous fait éprouver des sentiments et des comportements très évocateurs de notre époque : la résignation au "médiocre" par habitude, la fuite devant le bonheur certain qui pourrait devenir un malheur éventuel, le surplace par peur de perdre le précaire équilibre, la vie par procuration (à travers les livres, on vit la vie des autres), l'amour et l'influence des livres dans notre vie, les années qui passent et puis... Mais les thèmes principaux restent la solitude, le vide, l'absence de l'autre, la reconnaissance de l'amour et la résurrection lorsque l'on ressent les premiers symptômes de l'amour. Ce livre résume parfaitement les adages : "Un seul être vous manque et tout est dépleuplé" et "L'amour vous donne des ailes"
La relation qu'entretiennent Paul et Corinne montre bien que l'on sait très peu des gens que l'on fréquente, tant on cloisonne nos vies, tant on craint stupidement une invasion de notre espace intime. On ignore même l'importance qu'ils prennent à nos yeux et dans notre vie. La preuve, Corinne ne connaît pas le nom de famille de Paul, son adresse... En partageant leurs lectures, ils pensaient certainement que cela leur suffisait, ils leur semblaient vivre l'essentiel...
Un petit bémol pour moi : Il me manque un petit pourquoi à une question que je ne peux révéler sous peine de spoiler un peu l'intérêt du roman...!!! Et puis la fin... Je l'aurais préférée moins évasive, plus sûre, moins sujette à mon interprêtation personnelle... à moins que quelque chose m'ait échappé.
A travers son personnage, Sophie Poirier affirme qu'aucun livre, aucune phrase, aucun style ne pourrait décrire avec perfection les battements d'un coeur, le manque de l'essentiel, une nuit de vide et la peur d'être seul, la respiration vaine, la souffrance et les heures de silence. Pourtant, je l'ai aperçu cette perfection dans ces pages. Même s'il s'agit là de sentiments à la fois universels et intimes, ils ne se suffisent pas de formules toutes faites. Il leur faut du talent, du coeur et de la justesse et une pointe d'originalité. Et manifestement, Sophie Poirier n'en manque pas.
"... Pas la peine d'en faire un livre, il devrait plutôt se méfier de cette habitude à mettre du relief et de la beauté où il n'y avait rien, ou pas grand chose. Evidemment, tout pouvait paraître mystérieux, si exhaltant, à coup de chapitres structurés. Même la douleur donnait envie avec des belles phrases..."
"Il y a un homme , et au début je ne savais pas que je l'aimais, mais maintenant je suis sûre, certaine de l'amour pour lui, cet homme-là a disparu. C'est quand il a disparu que j'ai compris pour l'amour. Oui, je sais, c'est bête de comprendre ces choses-là trop tard. Mais bon, j'avais tellement arrêté de vivre que je ne pouvais pas me rendre compte."