James Graham Ballard a été plus influent sur ses collègues écrivains que populaire.
De son vivant il a toutefois obtenu l'ultime honneur de voir son nom devenir un adjectif au même titre que les "Brechtiens", "Kafkaiens" et "Hitchockesque" artistes de niveau supérieur. Probalement plus connu pour ses titres transformés en film, il a aussi écrit de nombreuses nouvelles. 98 en fait. Aussi provocatives qu'originales, lectures essentielles pour un auteur essentiel. Un auteur "Ballardien"
Chacune de ses nouvelles est comme un rêve parfaitement déployé, mieux en fait qu'un de nos propres rêves.
Ballard est un maitre de la narration, le fabricant d'inoubliables constructions verbales. Des sculptures synthaxiques impossible à imaginer d'une simple perspective. Sur 98 on peut supposéement facilement en compter 30 qui restent mémorables et face auxquelles on a envie de retourner. De toute façon si on n'y retourne pas, ses histoires nous habitent et nous hantent.
1200 pages, peuvent paraître une épreuve pour le lecteur moyen mais il s'agit franchement du meilleur moyen de savoir si c'est un univers que l'on souhaite cotoyer ou non. 12 pages par soir c'est quand même pas si pire. Et souvent ça couvrira complètement la nouvelle.
Plus élégant oiseau éxotique de la volière, Ballard avait un style évolutif malgré sa resistance à la technologie. (Malgré la bouteille aussi) Martin Amis signe l'introduction de The Complete Short Stories of JG Ballard. Un livre fort diversifié plein de surprises qui réunit l'ensemble de ses nouvelles.
Le brio de son écriture se loge dans la compréhension immédiate d'une réalité parrallèle, réalité toujours facile à croire, à imaginer. Avec un instinct infaillible, il réussit à saisir l'ordinaire chez l'homme et à nous le brancher dans la tête.
Pour les insomniaques comme moi ce type de littérature est tout simplement du bonbon. La crème de l'imagerie littéraire surréaliste. Ses trames narratives sont toutes situées dans un univers entre le monde du sommeil, l'anticipation noire, l'inexplicable démon intérieur, les monstres que nous nous inventons, le voyage intérieur de l'Homme à la dérive d'une psychanalyse ayant mal tournée dans un monde qui a perdu ses repères.
Ballard a déjà dit que la seule planète qui lui était étrangère était la terre. Ses explorations mentales sont la preuve qu'il aura tenté de tenter de comprendre les Hommes toute sa vie. Si les personnages de Philip K.Dick ou de Arthur C.Clarke ou de Carl Sagan sont à la base des hommes pleins de vertus, les protagonistes de Ballard sont tous imparfaits. Un alcoolique ici, un obsédé là, un dépressif ailleurs, une femme adultère plus loin, un pervers derrière. Lire Ballard c'est une visite dans une exposition des atrocités. (Inspiration qui est sienne d'ailleurs) Ces personnages s'immolent les uns après les autres. Physiquement et mentalement. Ce sont des sacrifices humains que nous offre Ballard en général. Des chutes du toit du World Trade Center.
Rarement rassurantes, ses histoires ont une précision presque médicale mais sont racontées avec pourtant des moyens fort simples. On parle de science-fiction mais beaucoup plus de l'homme et de ses faiblesses. De ses travers, de sa mégalomanie, de ses excès, de ses déséquilibres.
Sur la planète de Kim Jong-Ill, Mahmoud Ahmadinejad, Glenn Beck et du zizi de Berlusconi la lecture de JG Ballard est plus pertinente que jamais.
Les univers hallucinants de l'auteur, même le plus contemporains (l'histoire de son enfance en tant que prisonnier de guerre en Asie), ont toujours un côté sauvage. Au sens propre comme au sens figuré.
Réalisme magique, fables pessimistes, psychoses sophistiquées, partenaire du goulot, Ballard m'emballe.
J'ai lui plusieurs de ses livres mais jamais ses nouvelles.
Avec des sous obtenus le jour de mon anniversaire, je me suis commandé sur le net la totale: The Complete Short Stories of JG Ballard.
98 x Ballard.
Pour moins de 30$.
Un vol.
Selon le site internet, je devrais recevoir le livre entre le 21 et le 26 février.
Ne me cherchez pas
Je suis dans ma boite à malle à partir de lundi.