Hier, le président de la Banque mondiale, Robert Zoellick, a averti les ministres du G20 réunis à Paris que la flambée des prix alimentaires est proche de la côte d’alerte. Dans les deux prochaines années, « il pourrait y avoir une masse de troubles, les gouvernements pourraient tomber et les sociétés basculer dans le désordre », a-t-il prévenu.
La crise alimentaire ne fait que commencer. Le nombre d’être humains a presque doublé depuis 1970 bien que, dans le même temps, la croissance démographique soit passée de 2% par an à moins de 1,2%. Il faut nourrir chaque année 80 millions de bouches supplémentaires. L’offre de produits alimentaires s’essouffle : extension des cultures destinées à la production de biocarburants, érosion des sols, sécheresses, épuisement des nappes phréatiques par pompage excessif, croissance urbaine boulimique de terres arables…
Ventres affamés, têtes fanatisées
Les pénuries alimentaires menacent l’avenir de la planète. Elles génèrent des hausses de prix elles-mêmes attisées par des mouvements spéculatifs. La flambée des prix alimentaires mondiaux (soja, céréales..) n’est pas près de s’éteindre. C’est cette inflation qui a servi de déclencheur aux révoltes de Tunisie et d’Égypte qui se propagent dans le monde arabo-musulman. Mais cette même inflation, appelée à s’aggraver, va fragiliser les processus de démocratisation ébauchés par ces insurrections. Les régimes démocratiques nouveaux-nés auront de grandes difficultés à perdurer en étant dans l’incapacité croissante de nourrir leurs populations. Cela fera le jeu des extrémistes islamistes : quand les ventres sont affamés, les têtes sont fanatisées…