Mais par où commencer ? La liste des films, des cinémas et des souvenirs est longue. Mon premier souvenir de cinéma, je l’ai déjà raconté, pas besoin de cibler la chronologie, de toute façon ma mémoire n’est pas assez bonne pour cela. Alors au gré des envies et des fulgurances du passé, ça sera plus drôle. Pourquoi pas un peu de soleil en ce gris jour de février… Laissez-moi vous raconter comment j’ai failli voir Le Monde Perdu en espagnol. Oui pour faire original, je vais vous raconter comment je n’ai pas vu un film. Pourquoi pas.
Remontez vos montres quatorze années en arrière. Vous arrivez à vous faire une photo mentale de l’époque ? Moi à peu près. C’est l’été 1997 et je n’ai pas encore 16 ans. En bon fils de divorcés que je suis, l’été c’est le bénéfice de partir deux fois, et après la Normandie avec ma mère en juillet, c’est direction l’Espagne avec mon père (faut bien que ça ait du bon les déchirements familiaux !). Je me souviens de la route, longue (en voiture !), jusqu’aux abords de Valence, pas loin de la côte. Une maison, perchée sur une route montante, une maison où vit une vieille espagnole, des amis d’amis de mon père, une piscine dans le jardin, deux jolies sœurs espagnoles dont l’une avait mon âge.
Mais en 97, l’idée de l’attente d’un film était tout autre, et la perspective de voir Le Monde Perdu en avance s’est ainsi présentée à moi. Les deux sœurs espagnoles sortaient un soir avec des amis pour aller le voir et nous proposaient dans l’excellent français qu’elles parlaient (nettement meilleur que mon espagnol), à ma sœur et moi, d’aller le voir avec elles. Rétrospectivement, je me rends compte qu’en ce jour d’été 1997, j’ai fait preuve d’une des mes premiers actes de cinémaniaque. Alors que ma sœur a sauté sur l’occasion et a accepté l’offre des sœurs… j’ai décliné. La perspective de sortir avec de jeunes espagnol(e)s avait beau me tenter, les sœurs nous avaient prévenues que le film serait doublé en espagnol et non en version originale.
Nous avons quitté l’Espagne quelques jours plus tard, y laissant pour ma part ce double regret d’être passé à coté d’une ravissante espagnole et d’un Spielberg en avant-première. J’ai finalement vu Le Monde Perdu plus de deux mois plus tard, à Paris, constatant au passage que ma sœur n’avait pas tout compris des relations entre les personnages (mais comment avait-elle pu comprendre que Julianne Moore jouait une lesbienne ?!). Quatorze ans plus tard, je ne me souviens pas de l’avoir revu depuis, mais je me souviens toujours de ce jour de 1997 où j’ai dit non à une espagnole qui voulait que je vienne le voir avec elle. Ce qu’on peut être con quand on est ado.