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J’ai pris prétexte de la crise footballistique cette semaine pour vous parler de ces animateurs de radio qui carburent au démagico-nationalisme, et dont les chauffeurs sont friands. Chacun son heure pour fixer la chaîne ! N’empêche que cette mésaventure jamaïcaine laisse un goût amer dans la bouche d'Ayiti. En fait, elle tourne le couteau dans la plaie de .... la plaie. Ici, tout le monde connait l’association historique entre SIDA et les 4 H. Homosexuels, Hémophiles, Héroïnomanes et Haïtiens. Dès le début de l’épidémie, les haïtiens ont eu mal à partir avec cette idée bien ancrée aux USA que la maladie avait été importée par un haïtien. Allez sur MEDLINE (la base des publications scientifiques en médecine), vous allez même trouver tout le débat ‘scientifique’ sur l'affaire ; parce qu'il y a débat. Il faut quand même identifier 'le' premier arbre qui a a brûlé dans un feu de forêt !! Cette idée avait donc créé des problèmes importants aux haïtiens qui se rendaient aux USA (ou ailleurs dans le monde) vers la fin des années 80. À l’époque, les banques de sang de plusieurs pays refusaient celui des haïtiens. Une petite gêne. Le choléra génère également pour les haïtiens le même genre de comportements soupçonneux, il fallait voir le représentant du gouvernement français à notre arrivée en Guadeloupe en décembre dernier. Habile le bonhomme, mais quand même proche du profilage racial. Dans le cas de l’équipe de foot des moins de 17 ans, la Jamaïque semble avoir défoncé une porte ouverte, en réussissant tout de même à faire des dommages. C’est vous dire ... Les excuses de la Ministre Jamaïcaine des affaires étrangères ne changent rien au fait qu’Haïti a été retiré de la compétition. Une égratignure de plus dans le miroir de ce pays qui aime tant se regarder si beau. Disons que dans ses relations avec les partenaires de la Caraïbes, les haïtiens continuent de jouer le rôle de la plaie galeuse. Ils sont les seuls citoyens de la CARICOM à ne pas avoir accès au visa régional (le Caricom special visa) qui leur permet de circuler dans la zone et d’entrer dans plusieurs autres pays (le Canada par exemple). Le plus beau dans l’affaire, c’est de se rappeler la sortie du Ministre de la santé qui demandait aux haïtiens, il y a quelques semaines, de ne pas sombrer dans une chasse aux sorcières auprès des étrangers qui avaient (auraient) amené le choléra en Ayiti. Se servant de son propre exemple (rejeté dans des banques de sang au moment où il résidait en Belgique), il rappelait à ses compatriotes que l’amalgame donnerait une bien mauvaise image de son pays.