J’ai eu le plaisir de rencontrer Tarik dernièrement à Marrakech et je suis tout de suite tombé sous le charme de ce jeune militant, qui me rassure quant à la relève des instances représentatives. Lors de notre petit entretien, j’ai compris que toutes les PME touristiques se débattaient dans les mêmes problèmes, mais concernant les loueurs de voitures, la problématique est autre, car il sont sous la tutelle du Ministère du transport, alors que la majorité d’entre eux ont affaire avec des touristes. Mis à part les loueurs LD dont la plus part sont des filiales de banques qui sont plus dans le corporate et les enseignes internationales , il existe environ 4000 agences de location de voiture à travers le Royaume.
Dans ce secteur, comme pour les agences de voyages, il y a un foisonnement de micro entreprises avec un parc de 5 voitures, résultât d’une règlementation qui voulant promouvoir la création d’entreprises, les met en fait en difficulté dés la première année, car pour pouvoir subsister, elles doivent casser les prix et cela faisant, elles se trouvent confrontées à des difficultés financières qui se terminent en drame.
Fouzi ZEMRANI : Si Tarik, pouvez vous faire un bref aperçu de votre parcours professionnel et associatif ?
Tarik DBILIJ : Je suis Tarik Dbilij, né le 08/11/1978 à Casablanca après l’obtention de mon bac en 1996 j’ai opté pour faire des études en management, en 2002 je décroche mon master en administration des affaires, en 2002 même j’ai créée ma société de location de voitures (DBILIJ CAR) qui est devenu en 2011 franchisée DOLLAR RENT A CAR. Je suis marié et père d’un enfant.
En ce qui concerne mon parcours associatif , je suis membre de mon association depuis 2006 , j’ai été élu en 2007 Secrétaire général de l’association des loueurs automobiles de la région de Casablanca (ALARC) quelque mois plus tard trésorier adjoint de l’association nationale (ALASCAM ).En 2010 après la fin du mandat du bureau, élu en 2007, je me suis présenté à la présidence de l’association des loueurs automobiles sans chauffeur au Maroc (ALASCAM) et j’ai été élu à une grande majorité pour un mandat de trois ans à compter du 08 avril 2010 date de l’assemblée générale élective . Succédant ainsi à Monsieur AKRAM Abdelillah, avec la lourde tache de transformer l’Association en Fédération Nationale à l’instar des autres métiers du Tourisme.
FZ : L’année 2010, marque l’entrée en vigueur du nouveau code de la route, plus moderne et répondant aux standards internationaux. Quel a été son impact sur votre profession ?
TD : Le nouveau Code de la route a pour objectif de réduire le nombre d’accidents au Maroc. Le code ne peut qu’être bénéfique pour les sociétés de location de voitures en contribuant à la diminution de la sinistralité. Par conséquent, le taux d’immobilisation sera de plus en plus réduit tout en sachant que l’immobilisation du véhicule suite à un accident représente une charge très importante pour la société de location de voitures. Mais ce qui dérange le loueur c’est la procédure que le ministère du transport a mis en place à travers un communiqué diffusé sur son site officiel, qui exige des sociétés de location de voitures au Maroc de s’acquitter du montant des amendes relatives aux excès de vitesse détectés par les radars fixes et prendre leurs dispositions pour être remboursés auprès de leurs clients non résidants au Maroc (touriste ou MRE).
De ce fait nous constatons que c’est illogique que le loueur supporte cette charge importante et ingérable , premièrement , le communiqué ne clarifie pas les mesures à prendre pour que le loueur soit remboursé tout en sachant que ce n’est qu’un communiqué et non un arrêté ministériel , deuxièmement cette décision est pise unilatéralement par le ministère le 09/12/2010 , 10 jours après les assises nationales du tourisme déroulées à Marrakech le 30/11/2010 est ce le cadeau à offrir à nos clients étrangers ? Et troisièmement est ce que le loueur en étant une entité privé est habilité à récolter l’argent au profit de l’état ?
FZ : Les états généraux du Tourisme ont été reportés à la dernière minute, qu’en pensez vous ? Quelles sont les actions menées par la FNT pour l’ALASCAM ?
TD : Personnellement je ne vois pas l’utilité d’organiser les états généraux du tourisme à la veille de l’assemblée générale ordinaire et élective de la FNT, et je crois que les professionnels du tourisme sont conscients des problèmes que connaît le secteur, donc il vaut mieux se concerter avec eux pour préparer un plan d’action sous forme d’engagement pour accompagner la vision 2020.
En ce qui concerne les actions menées par la FNT pour l’ALASCAM, je peux vous dire que nous n’avons jamais été à l’ordre du jour de la Fédération Nationale du Tourisme, notre cas est unique du moment que nous sommes toujours sous la tutelle du ministère des transports tout en sachant que nous sommes le premiers opérateurs à recevoir le touriste.
FZ : Si vous devez revoir la loi, quels sont les points qui vous semblent importants pour accompagner la vision 2020?
TD : Nous voyons pour l’instant trois points qui nous semblent urgents :
• Une restructuration globale du secteur de location de voiture s’impose, le cahier des charges relatif à la création et la gestion des sociétés de location de voitures date de 1997, il est inadéquat avec l’évolution qu’a connue le secteur et les objectifs de la vision 2020.
• Une étude pour déterminer les besoins de chaque région du territoire en matière de véhicules afin de mettre en place le parc adéquat, nous constatons aujourd’hui que le nombre de sociétés de location de voitures dans certaines villes dépasse largement le besoin et le contraire se produit dans d’autres villes telles que Saïdia, Dakhla, Tantan…
• La possibilité de louer des voitures avec chauffeur sera un plus pour accompagner la vision 2020, certains clients n’ont pas le droit de conduire eu Maroc parce que leurs permis de conduire ne sont pas reconnus au Maroc comme les anglais qui ont l’habitude de conduire à gauche et d’autres pays comme l’Arabie saoudite, les états unis d’Amérique … cela permettra aux loueurs d’offrir un service en plus à ce type de clients , un service VIP aux clients les plus exigeants et de créer des emplois .
FZ : Comment voyez vous l’avenir de votre profession compte tenu du nombre de loueurs de voitures (4000) avec des parcs de 5 Véhicules ?
TD :Aujourd’hui le secteur a besoin d’un partenariat public/privé afin de professionnaliser l’existant, nous n’arrivons plus à nous projeter dans le futur parce que nous ne disposons pas de chiffres réels afin de réaliser une étude sur les dix années à venir, mais nous croyons que le Maroc ne fera pas l’exception de ce qui se passe au monde : les grandes enseignes de la location de voitures fusionnent entre elles pour bénéficier de la force de frappe d’une seule entité géante et ce qui donnera à cette dernière une optimisation maximale des charges qui influencera par la suite le prix de vente.
L’ALASCAM, Association des loueurs d’automobiles sans Chauffeur au Maroc, a été créée en 1997 conformément aux dispositions du dahir n° 1-58-376. Elle a pour objet de défendre les intérêts de ses membres et de les représenter auprès des Pouvoirs publics et des administrations. Elle se compose de plusieurs Associations régionales dont Casablanca, Rabat, Tanger, Marrakech et Agadir et regroupe en son sein environ 150 loueurs de voitures au Maroc. Contrairement aux Agences de voyages, les loueurs de voitures n’ont pas d’obligation d’adhérer aux associations, de même qu’il peut y avoir plusieurs associations dans la même région.