09 décembre 2009
Les Enfants disparaissent_Gabriel Báñez
Couv'Les Enfants Disparaissent" src="http://storage.canalblog.com/41/74/580705/47281205_p.jpg" style="border-top-width: 0px; border-right-width: 0px; border-bottom-width: 0px; border-left-width: 0px; border-style: initial; border-color: initial; border-top-style: solid; border-right-style: solid; border-bottom-style: solid; border-left-style: solid; border-color: initial; " />
Écrivain, journaliste et scénariste, l’Argentin Gabriel Báñez avait confié les droits de quatre de ses romans à la maison d’édition strasbourgeoise La Dernière Goutte avant de s’éteindre en juillet 2009. Le premier d’entre eux, Les Enfants disparaissent, prend la forme d’une énigme policière. Macias Möll, vieil horloger cloué sur son fauteuil roulant, vit entre le havre de paix de son atelier et les descentes à toute bastringue d’une pente donnant sur un parc où jouent des enfants. Alors qu’il ne cesse d’améliorer son temps, félicité à chaque fois par les enfants du parc aux bonheurs simples qui jettent leurs papiers de caramels au vent, certains d’entre eux disparaissent mystérieusement.
À partir de cette intrigue, Gabriel Báñez pointe les mécanismes de défense et d’organisation de la société face à des événements qui la dépasse, face à la peur et à l’incompréhension. Placé sous le feu des projecteurs et au centre de l’enquête, Macias est aux prises avec l’emballement médiatique des journalistes, la récupération politicienne à grand renfort de langue de bois, les bénédictions des instances religieuses et les sollicitations de publicitaires prompt à profiter de toute notoriété naissante. C’est toute la société qui est passée au révélateur d’une écriture bien réglée où l’ironie est douce, l’humour choisi, l’absurde sous-jacent mais toujours au service d’une narration qui recèle les joyaux d’un suspens dénué de son fard habituel, le sensationnalisme.
Le tragique de nos vie se lit dans les réflexions d’un homme obsédé par le temps, sa perte et sa relativité. « Une fois passé, le temps n’avait plus d’importance. La mémoire servait à oublier, non à se souvenir », dit-il. À travers le questionnement de la mémoire, de la notion même de Temps et du sens de la disparition (écho aux exactions de la dictature dans les années 70), Gabriel Báñez nous confronte à l’entropie et au Destin dans un récit où il entretient nos doutes sur la réalité des événements décrits. Reste un sentiment de méfiance (défiance ?) envers nos certitudes et envers l’Homme assujetti aux grandes organisations sociales imposant par leur toute puissance le dogme d’une raison jamais questionnée et passée sous silence par le mirage du temps.
Thomas Flagel
À paraître le 21 janvier aux éditions La Dernière Goutte (16 €)