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Je pourrais (j’en suis sûr) ne jamais plus rien écrire de sérieux. Ni ici, ni ailleurs. Pas un mot, une seule phrase ne m’est désormais nécessaire. Je n’entends plus rien qui ne soit déjà dit, répété, mille fois ressassé dans le brouhaha des certitudes et des fausses confidences, lentes ruminations pétries de suffisance et d’un désir de nuisance. Vous n’en sortez pas ! Si bien que le vent pourrait me suffire. Implorant à voix basse la langueur des vagues. Et cet embarras sur le sable qui gagne, en l’éludant, la moindre parcelle de temps. Et l’ivresse du bleu. Et celui d’horizons, obscurcis de nuages, que la mer toujours époumone. Sans non plus oublier ces brèves et ténébreuses empreintes que l’on découvre au petit matin et que laissent sur la plage les sirènes bohémiennes qui viennent, la nuit, caresser mon front (parfois). Ou bien encore le soliloque du soleil embarrassant d’arcs en ciel le discours d’un oiseau. Et puis, peuplée de vieillards qui sans cesse se ressemblent, l’ombre hésitante de presque rien, une embarcation de fortune, guère plus, qui traverse en silence le gémissement des vagues, endimanchées de dentelles, comme si le monde, désormais n’était plus que fantômes. Et faux semblants. Et remords. Et spectres hallucinés d’autrefois. Au point d’excommunier définitivement le crépuscule, et son cortège d’épouvantes, puisque rien, au fond, ne justifie l’exil quotidien du printemps.