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“Peurs sur la ville” : l’exposition d’un Paris en guerre à la fois réel et fictif

Publié le 19 février 2011 par Thebuzzbrowser

Depuis janvier 2011, l’exposition « Peurs sur la ville » a pris ses quartiers à la Monnaie de Paris. L’émerveillement du lieu est un rappel à la grandeur de cette ville, ses monuments et sa culture.

Pourtant, il n’y a pas si longtemps, Paris était en guerre. Le paradoxe de toute l’exposition tient ici : proposer des images d’un Paris en guerre dans un lieu représentant à lui seul l’exceptionnel (et calme) cadre de notre capitale.

Cette exposition peut se découper en trois parties : d’abord des archives de Paris Match montrant la capitale dans ses divers moments de crises. Les photos sont splendides, vraies. Elles nous parlent, nous interpellent. La violence n’est pas cachée. Elle est totalement intégrée à l’œuvre.

L’ambition principale de cette première étape (qui est de loin ma préférée) est d’exprimer par l’image, le rôle du photoreporter qui capte tous les évènements et les rend dans une réalité toujours plus violente. Ces images tranchent et marquent nos esprits bien plus que n’importe quelle description journalistique.

Le choc est fort pour des personnes de notre génération. Mis à part les évènements en banlieues en 2005 et quelques manifestations, nous n’avons vécu aucun réel mouvement de violence à Paris intramuros. Nous n’avons jamais vu de cadavres qui jonchent le sol après un attentat, une attaque militaire ou autre. Notre génération semble dès lors protégée, comme bercée dans un rêve où la violence serait le quotidien des autres, que nous regardons de manière épisodique via la télévision mais que nous oublions dès que celle-ci est éteinte.

Nous ne nous rendons plus compte de cette chance de vivre dans un pays qui n’a pas connu la guerre depuis 60 ans. Cette sensation d’inconnu est d’autant plus présente dans la seconde partie de l’exposition. Des photomontages ont été réalisés par Patrick Chauvel intégrant des instants de guerre, tirés des pays qui nous entourent, à des images du Paris qui nous connaissons. Si l’idée est très bonne, j’ai été assez déçu par certaines réalisations (la taille des photos est grande, ce qui permet de contempler les détails…et parfois leur manque de précision). Il faut dire que les images sont déjà difficiles à accepter car improbables au regard de la situation actuelle.

On passe un bon moment. Que l’on ne se méprenne pas, je ne suis pas apte à juger de la qualité artistique. Au contraire, dans ma conception, l’art c’est l’expérience. Lorsque je me retrouve devant ces images, je vis, je ressens et je réfléchis. A ce titre, cette seconde partie de l’exposition mérite à mes yeux autant de lauriers que la première.

A l’inverse, la troisième et dernière partie m’a été incompréhensible. Il s’agit des œuvres de Michael Wolf qui a utilisé Google Street View pour montrer la violence latente de nos sociétés à travers l’intimité dévoilée. Ainsi ce serait la représentation de la violence urbaine, de cette violence de tous les jours que l’on a banalisé à coups de réseaux sociaux. Ces images choisies sont pixellisées comme pour présenter le Big Brother sous l’œil de la nouvelle technologie, de l’informatique et d’Internet. J’ai trouvé l’ensemble des images en inadéquation avec le texte de présentation. Je n’ai pas décelé dans l’image l’explication de ce vol de la vie privée, de ce viol de la personnalité ou de cette violence de la société. Rien ne m’est apparu (et si vous avez des explications précises image par image, cela m’intéresse vraiment de mieux comprendre).

En conclusion, je vous conseille de vivre cette exposition. On y apprend énormément sur l’Histoire de Paris. L’observer sous un œil nouveau permet de profiter un peu plus de cet environnement que le monde nous envie. Au delà, la réflexion sur Paris n’est que la face visible de l’Iceberg idéologique de cette exposition. L’idée maitresse est celle d’un rappel au passé pour profiter au maximum des attraits du présent. On peut déceler une seconde idée qui n’est pas clairement exprimée.

Si Paris a connu des luttes, peut-être que notre génération actuellement amorphe aura un jour à se battre dans ces rues. Au même titre que des sociétés rentrent en lutte dans les pays arabes aujourd’hui, rien ne nous dit que Paris est protégée.

Les tarifs sont attractifs : 6 euros ou 4 euros pour le panel traditionnel.


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