Farah Atassi, remarquée à Montrouge et à Dynasty, a sa première exposition personnelle à la Galerie Xippas, jusqu’au 19 mars. J’ai déjà dit tout le bien que je pensais de cette peinture rigoureuse et habitée, de ces grands volumes dépouillés et clos où voisinent espaces hyper-construits et zones floues, lignes géométriques et coulures ou repentirs, où des objets élémentaires forment des sculptures ou des empilements, où, ici ou là, apparaît une discrète citation, design, Bauhaus ou Malevich, et, sur la première toile en entrant, un fil rouge traversant la toile.
Deux des grandes toiles, au fond de la galerie, m’ont particulièrement frappé. Dans l’une, “Dutch Kitchen”, un carrelage serré occupe les 4/5èmes de la toile, structurant l’espace et y installant une profondeur inusitée, croit-on d’abord. Mais il y a, ici ou là, des décrochements, des incongruités spatiales, des effets de miroir ou des repentirs qui font que l’oeil se perd, que les repères s’estompent. Que fait là cette chaise roulante brisée, que sont ces barres bleue et orange ? Le haut de la toile, sombre, est un abîme où le regard se perd, ne pouvant s’y fier qu’aux pales d’un ventilateur immobile. Farah Atassi sait installer le doute, l’incertitude, nous dénier le droit de nous raccrocher à des lignes trop sécurisantes.
La toute dernière toile de l’exposition, “Dirt House II” est irradiée par l’or dont elle semble imbibée, comme une peinture gothique : deux lits, une bougie, un pichet, des objets simples, mais une atmosphère incertaine, magique, ensorceleuse. La peinture y est matérielle, incontournable.
Photos courtoisie Galerie Xippas.