Pour information : billet retiré du Post pour "non-conformité vis-à-vis de la charte d’utilisation du Post.fr".
Depuis la reprise par le trio Bergé - Niel - Pigasse, Le Post.fr (et finalement toute la rédaction du Monde Interactif, filiale du Monde) vit des heures troublées (Vers la mort du Post ?). Le titre en ligne aurait 6 mois pour "faire ses preuves".
Je suis personnellement un peu étonné que la seule tentative d'un média innovant en ligne par un journal français ne soit pas plus soutenu que ça. Quel manque de vision ! On peut critiquer Le Post, ses billets débiles, ses "envie de buller", ses loltoshops dégueux... il peut être une source d'informations pour et par des internautes, cornaquée par une équipe de journaliste dédiée à la politique, aux faits-divers, au LOL, sport, etc. La force des contributeurs ? Le local et l'opinion.
Je suis encore plus étonné quand on sait que Xavier Niel est à la tête de Free et supposé avoir un peu de vision quant à ce qui se fait et se fera sur le web. Un investisseur n'est-il pas censé donner des orientations stratégiques ? A moins qu'il ne garde Le Monde pour le papier et investisse dans le futur Atlantico pour le Net.
Après les 6 mois de test, que se passera-t-il ?
Si Le Post fait ses preuves, fin des inquiétudes même s'il n'est pas dit que les moyens soient au rendez-vous.
Si les donneurs d'ordre estiment que l'équilibre financier arrive trop tard, que le cash n'entre pas... bref que le titre est déficitaire et plombe l'équilibre du groupe, plusieurs choses peuvent se passer :
- disparition simple et complète (penser alors à faire une sauvegarde du contenu, tout de même) :
- vente à un autre groupe de presse ou du web (Orange ? Free ?) ou même radio ou TV (M6 ? Skyrock ?)
Cela dit je partage assez l'avis d'un certain Calvero qui imagine les avenis du Post :
Convaincu que des investisseurs intelligents ne peuvent se séparer de l’un des premiers sites d’info de France (et sans doute du premier lieu de débat) à la veille des échéances qui nous attendent, je ne partage pas forcément le pessimisme du communiqué.
Mais imaginons effectivement que le Post est lâché, outre les 2 solutions évoquées plus haut, il en existe une 3e : le rachat par les salariés.
Calvero parle de Lip, autogérée par les salariés avant de finir de se casser la gueule. Il n'est pas question d'autogestion. Je parle du statut coopératif, plus précisément du statut Scop (société coopérative et participative).
Pour ne pas dire de bétise, je copie-colle ce que dit le site des Scop, scop.coop :
Dans une Scop, les salariés sont associés majoritaires et détiennent au moins 51 % du capital social et 65 % des droits de vote. Si tous les salariés ne sont pas associés, tous ont vocation à le devenir.
Dans une Scop, il y a un dirigeant comme dans n’importe quelle entreprise. Mais celui-ci est élu par les salariés associés.
Dans une Scop, le partage du profit est équitable :
- - une part pour les salariés associés sous forme de dividendes :
- - une part pour les réserves de l’entreprise.
Dans une Scop, les réserves, impartageables et définitives - en moyenne 40 à 45 % du résultat - vont contribuer tout au long du développement de l’entreprise à consolider les fonds propres et à assurer sa pérennité. Les co-entrepreneurs sont rémunérés de leur travail et de leur apport en capital, mais à leur départ, celui-ci leur est remboursé sans plus-value.
Ce n'est pas une utopie. Vous connaissez forcément des Scop et certaines sont de grosses ou d'efficaces entreprises :
- Chèque Déjeuner ? Une Scop avec plus de 1000 salariés associés.
- Le Relais, qui récupère les fringues ? Plus de 10 Scop dans toute la France.
- Alternatives Economiques, le magazine ? Une Scop qui a 30 ans.
- Acome, qui fait de la fibre optique avec plus de 1000 salariés et des usines au Brésil et en Chine.
- Oonops, qui réalise des sites pour Veolia, une Scop de 30 personnes.
- aluminium, bâtiment, commerce équitable, agences de comm'... voici encore plein d'exemples !
Certes, ça ne saurait pas facile : les salariés devraient investir eux-même pour le rachat, il faudrait probablement embaucher pour les fonctions support (RH, compta, gestion, commercial...). Mais comme on dit : les salariés, les journalistes, seraient leurs propres patrons.
Est-ce jouable ? Je n'aime pas convoquer des citations usées jusqu'à la corde tellement elles ont été dites mais là ça a son intérêt : "Ce n'est pas parce que les choses sont difficiles que nous n'osons pas, c'est parce que nous n'osons pas qu'elles sont difficiles."
(Illustrations : campagne de communication des Scop)