On ressort de l’exposition de Pascal Broccolichi à la galerie Frédéric Giroux (jusqu’au 23 Février) quelque peu désorienté, ‘dispersé’. D’un côté, deux machines à sons, combinaisons de longs tubes blancs nommées Sonotubes, triturent des sons captés ici ou là, les reformatent, les mutent, les brisent et les recrachent. On tente en vain de percevoir un mot, de reconnaître un bruit, de se raccrocher à un signe sonore. Broccolichi travaille depuis longtemps sur la matière sonore, sur la manière dont elle structure l’espace, dont elle ouvre des portes vers un ailleurs.
De l’autre côté, des photos de paysages, monochromes ou presque, avec une ligne d’horizon séparant la terre noire du ciel noir, ou la terre blanche du ciel blanc, ne donnent guère plus de points de repère. On devine des bouts du monde, des terres arides et inhabitées, les derniers déserts de la planète, (ou de Mars, croirait-on parfois), banquises ou saharas. Tout y est instable, dunes de sable ou masses de glace, rien n’y offre de point fixe, de sûreté. Seul élément dérisoire d’ancrage, les coordonnées GPS de l’endroit sont inscrites dans le paysage, en signes cabalistiques.
Tout ici déroute, tout est mystère, indistinct, indécis.
Photos courtoisie galerie Frédéric Giroux. [Pascal Broccolichi, "Sonotubes 2", 2008, 6 tubes de carton fibré, caissons en médium, ressorts en inox, équipement audio ( 2 ampli+2 lecteurs CD, 2 mixettes), 4 vibreurs basses fréquences + 4 hauts
parleurs coaxiaux, 300 x 70 cm (chaque), © Pascal Broccolichi, courtesy
galerie Frédéric Giroux] et [Pascal Broccolichi, Sans titre n° inv-0704, 2007, tirage lambda contrecollé sur aluminium et encadré, 120 x 180 cm, © Pascal
Broccolichi, courtesy galerie Frédéric Giroux]