J’AI TROUVE …
… J’ai trouvé la plus ténébreuse place
Où le chant de la source la plus lasse
Compte, compte au profond du bois des fées
Le nombre triste et doux du temps qui passe.
Là je ferai choir le rideau de lierre
Et te couvrirai de lumière amère
Et t’expliquerai les plaintes de l’eau
Et les parfums du vent et de la terre.
Si tu sais que mon âme est comme enfuie
Si tu devines ce que fut ma vie
Souris chèrement le temps d’un sanglot.
Les roses folles s’ouvrent pour la pluie.
En des mots qui ne seraient d’aucun monde
Que ne puis-je te dire, ma profonde,
Profonde et lourde peine qui s’ennuie,
Fille de mai, soeur de la terre blonde.
J’entends ton chant comme à travers le choeur
De bien des voix en longs linceuls de pleurs,
De bien des voix mortes ou vagabondes
Qui m’ont laissé là, seul avec mon coeur…
(Oscar Venceslas de Lubicz-Milosz)