"Il y a là une horrible découverte, celle de la chair qu'on ne voit jamais, le fond des choses, l'envers de la face, du visage, les secrétats par excellence, la chair dont tout sort, au plus profond même du mystère, la chair en tant qu'elle est souffrante, qu'elle est informe, que sa forme par soi-même est quelque chose qui provoque l'angoisse. Vision d'angoisse, identification d'angoisse, dernière révélation du tu es ceci - Tu es ceci qui est le plus loin de toi, ceci qui est le plus informe".
in J. Lacan, 1978,Le Séminaire, livre II, le moi dans la théorie de Freud et dans la technique de la psychanalyse 1954-55.Ed. du Seuil.
C'est bien de cette angoisse de l'autre et de soi-même, de son corps et de notre chair, de son sexe et de nos craintes enfantines d'être dévoré par l'"ogre", des organismes hybrides et des infinies obsessions du moi dont il s'agit.
Toutes se mêlent dans cette riche exposition, Tous cannibales, qui dit nos phantasmes sur le sujet du cannibalisme.
L'évocation du barbare exotique "chasseur de têtes" devient une imagerie insuffisante puisque le cannibale est devenu soi-même ou autrui dont le corps est une chair comestible, un bien consommable.
On le perçoit, beaucoup de questionnements sont soulevés par cette exposition proposée à La Maison Rouge jusqu'au 15 mai.
J'attends avec impatience l'intervention de Jeanette Zwingenberger, commissaire de l'exposition, au salon Kerchache du Musée du Quai Branly le samedi 26 février à 17h, autour de la question : Comment figurer l'irreprésentable ?
Photos 1 et 4 : au premier plan, figure Yipwon du Korewori dans l'exposition.
Photo 2 : © Melissa Ichiuji, Kissie Kissie, 2008, Coll. Famille servais, Bruxelles.
Photo 3 : © Victor Brauner, Conciliation extrême, 1941, Coll. privée.