Bertrand CHAGAL (Île Maurice).

Par Ananda

(RE)NAISSANCE.

Il me fut donné,

un matin de juillet, 

de voir son sourire limpide

comme de l'eau de source

venir à moi du tréfonds de sa grandeur,

m'enivrer de sa fraîcheur

issue des filtres basaltiques

d’une terre jadis en fusion

créatrice de brûlis féconds,

aujourd’hui plancher des vaches.

Ce matin là, il me prit de le prier,

lui au fond des cieux,

garant de cette humanité

au cœur trop souvent aride,

sec, anhydre et veule,

lui implorant que de mon passé fœtal

ne subsiste qu’un avenir

aux jours meilleurs,

radieux, victorieux, pieux,

évanescents, aux parfums d’humus.

Ce matin là, c’est vrai,

je n’étais que fraction,

morceau d’homme,

frêle séquelle d’un instant de passion,

passion qui dit-on

naît de l’amour

concept de pur utopiste

au goût prononcé

pour les fables les plus absurdes

peuplées de filles ailées.

Ce matin là, oui,

le visage du monde

m’apparut vivant,

nacré aux couleurs d’un arc-en-ciel

que je crus éternel

aux pieds enfouis dans des chaudrons aurifères,

porteur de cruches d’espoir,

mais Il me rappela le péché originel,

celui qui engendra l’ombre et la peine

finalités de toute existence.

Ce matin de juillet…

Je m’en souviens !

Je baissai mes yeux rougis,

m’effaçai pour ne faire qu’un

avec ce monde dont je ne voulais point,

j’oubliai mes envies d’exister,

me fondis dans la masse visqueuse

des hommes sans lendemains

avec en guise de gage de survie

ma seule liberté !