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Hulot épinglé par un rapport parlementaire

Publié le 18 février 2011 par Emelineecologie
Libération 16/02/2011 à 18h24

La fondation Nicolas Hulot épinglée par un rapport parlementaire

Info Libé

Train de vie, mécènes influents et pas franchement écolos, «confusion entre intérêt général et action personnelle»... Alors que l'animateur d'Ushuaïa se prépare pour 2012, sa fondation est pointée du doigt.

Nicolas Hulot, le 13 novembre 2010 à Lyon

Nicolas Hulot, le 13 novembre 2010 à Lyon (© AFP Philippe Desmazes)

Lundi, dans un mail aux amis de sa fondation éponyme, Nicolas Hulot semblait préparer son changement de casquette: d’animateur vedette-patron d’ONG environnementale à... candidat écologiste à la présidentielle. «Dans l’hypothèse où je me présenterais, je peux vous assurer que toutes les précautions seraient prises pour respecter l’indépendance de la Fondation, qui est, et doit rester, totalement apolitique. Comme chaque année, tout est mis en œuvre pour assurer la poursuite et le développement des activités de la Fondation», écrivait-il.

Seulement voilà. Un rapport parlementaire, remis le 2 février, qui a passé au crible «les modes de financement et de gouvernance des associations de protection de la nature et de l’environnement», épingle, sur plusieurs points, la Fondation Nicolas Hulot (FNH). Sans épargner non plus d’autres poids lourds comme Good Planet présidée par Yann Arthus-Bertrand ou encore, pour ses frais de fonctionnement, France nature environnement (FNE).

Extraits du rapport des députés Geneviève Gaillard (PS) et Jean-Marie Sermier (UMP).

«Confusion entre intérêt général et action personnelle»?

«Tout au long de leurs auditions, vos rapporteurs ont constaté que l’organisation des fondations environnementales soulève d’importantes interrogations, qui pèsent sur leur crédibilité dans le débat public et qui rendent leur parole sujette à caution, écrivent . Des liens troubles existent avec les grandes entreprises qui les financent, voire qui siègent à leur conseil d’administration – certaines directement concernées par les politiques publiques en matière d’environnement. L’identification d’une fondation à un individu accroît le risque de confusion entre intérêt général et action personnelle : les journaux de janvier ont ainsi annoncé puis démenti la démission de Nicolas Hulot de la présidence de la fondation FNH dans la perspective d’une candidature à la prochaine élection présidentielle».

Sous l’influence de mécènes pas si écolo-compatibles

«La composition du conseil d’administration de la fondation Nicolas Hulot pose d’autres questions. Trois entreprises y occupent un siège : TF1, EDF et L’Oréal. Ceci ne pose, en soi, aucune difficulté: le mécénat de puissantes sociétés en faveur de l’environnement doit être accueilli comme un moyen supplémentaire d’action. Néanmoins, les activités particulières de ces groupes semblent problématiques sans les dimensions environnementales. EDF est une entreprise de pointe dans le secteur nucléaire. Quant à L’Oréal, elle est classée parmi les groupes de cosmétiques dont les produits font l’objet de test sur les animaux, au grand désarroi des opposants à la vivisection. Dès lors, comment interpréter, par exemple, la position très mesurée de Nicolas Hulot sur l’énergie nucléaire ? Quel poids donner à sa parole sur les activités principales de ses deux administrateurs, dont vos rapporteurs ont appris que l’un d’eux finance la fondation à hauteur de 10 % de ses ressources?»

Lors de l’examen du rapport par la commission du développement durable de l’Assemblée nationale, Sermier enfonce le clou, ciblant Hulot mais aussi la fondation Goodplanet de Yann-Arthus Bertrand:

«Nous avons mis le doigt sur des situations assez étonnantes. Ainsi, nous avons rencontré une fondation de protection de l’environnement – celle de Nicolas Hulot – dont EDF et L’Oréal sont des administrateurs et des financeurs importants. Peut-on, dans ces conditions, tenir un discours neutre sur les choix énergétiques et sur les pratiques de vivisection dans l’industrie des cosmétiques ? Nous avons appris que Yann Arthus-Bertrand, président de la fondation Goodplanet, soutient l’organisation de la coupe du monde de football de 2022 au Qatar, gâchis énergétique plusieurs fois évoqué en ces lieux. Le Qatar a par ailleurs financé la traduction en arabe de son film Home. Est-ce une bonne politique?»

D’importants frais de fonctionnement

«Les organismes entendus par vos rapporteurs ont subi le mouvement de professionnalisation qu’a connu le monde associatif au cours des deux dernières décennies. La multiplication des permanents, rendus nécessaires par les formalités administratives à acquitter et par la compétition pour l’accès au don, imposés aussi par les avancées permanentes de la technique en matière de protection de l’environnement, justifiées enfin par la présence obligatoire de personnels pour les opérations de sensibilisation et de pédagogie, aboutit à des frais de fonctionnement importants. La LPO a fait part de sa volonté de plafonner sa masse salariale à 45 % de son budget. Pour la fondation Nicolas Hulot, le taux est supérieur à 50 %. Quant à France Nature Environnement, les charges de personnels atteignent 1,6 million d’euros pour un budget de 2,7 millions d’euros, soit près de 60%.»


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