Depuis plus de 30 ans, le graffiti à Beyrouth est utilisé « pour marquer le territoire culturel, politique et géographique du citoyen. Comme un besoin de fixer définitivement et pacifiquement une identité » 1.
Depuis la guerre civile en 1975, les murs beyrouthins ont servi de supports aux différents partis politiques et desservi la capitale libanaise. Le graffiti a été utilisé comme un moyen d’expression délié de toute censure, les parties politiques et les milices de la guerre s’appropriant des pans entiers de la ville pour la segmenter en quartiers politiquement affiliés en graffant « les logos de leurs partis et leurs slogans, travaillés majoritairement au pochoir » comme le précise Saro, alias Oras, co-fondateur du P+G crew, créé en 2006.
Ce n’est que suite aux événements de mai 2008, qui ont vu milices sunnites et chiites s’affronter au cœur même de Beyrouth, que l’accord de Doha voit le jour. Dans le but d’apaiser les tensions entre les différentes communautés libanaises, le gouvernement libanais décide alors de nettoyer les murs de Beyrouth de tout message politique (affiches, signes…).
Les inscriptions partisanes et claniques ont alors laissé place aux tags et graffitis « artistiques ». Si les pionniers de ce mouvement ont commencé à s’approprier les murs dès le début des années 2000, c’est à partir de 2006, suite à la guerre entre le Liban et Israël, que le mouvement connaît un nouvel essor : de nouveaux graffeurs opèrent maintenant au cœur même de la ville de Beyrouth et plus seulement dans les quartiers alentours.
Les principaux crews Ashekman, R.E.K , P+G, Ph@2, Mou3llem, Kabrit animent, désormais, avec ferveur la scène graffiti beyrouthine.
Jusqu’à présent, ces jeunes artistes de la rue réalisaient leurs œuvres avec des bombes à peinture pour les voitures. Aujourd’hui, l’arrivée de matériel plus adapté, l’organisation de workshops avec des artistes internationaux qui viennent partager leur savoir et leur culture ne peuvent qu’encourager la jeune génération.
Maël Le Tolguenec
1. Joseph Brakhya, architecte et éditeur de l’ouvrage » Marking Beirut, a city revealed through its graffiti » de Tala Saleh in « Beyrouth à travers ses murs » (Carla Hénoud), L’Orient le Jour, 14/01/2010
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Ashekman
R.E.K
P+G
Marking Beirut - A city revealed through its graffiti, écrit par Tala Saleh