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Beyrouth à travers les murs

Publié le 01 février 2011 par Libalel

Depuis plus de 30 ans, le graffiti à Beyrouth est utilisé « pour marquer le territoire culturel, politique et géographique du citoyen. Comme un besoin de fixer définitivement et pacifiquement une identité » 1.

Depuis la guerre civile en 1975, les murs beyrouthins ont servi de supports aux différents partis politiques et desservi la capitale libanaise. Le graffiti a été utilisé comme un moyen d’expression délié de toute censure,  les parties politiques et les milices de la guerre s’appropriant des pans entiers de la ville pour la segmenter en quartiers politiquement affiliés  en graffant « les logos de leurs partis et leurs slogans, travaillés majoritairement au pochoir » comme le précise Saro, alias Oras, co-fondateur du P+G crew, créé en 2006.

Ce n’est que suite aux événements de mai 2008, qui ont vu milices sunnites et chiites s’affronter au cœur même de Beyrouth, que l’accord de Doha voit le jour. Dans le but d’apaiser les tensions entre les différentes communautés libanaises, le gouvernement libanais décide alors de nettoyer les murs de Beyrouth de tout message politique (affiches, signes…).

Les inscriptions partisanes et claniques ont alors laissé place aux tags et graffitis « artistiques ». Si les pionniers de ce mouvement ont commencé à s’approprier les murs dès le début des années 2000, c’est à partir de 2006, suite à la guerre entre le Liban et Israël, que le mouvement connaît un nouvel essor : de nouveaux graffeurs opèrent maintenant au cœur même de la ville de Beyrouth et plus seulement dans les quartiers alentours.

Les principaux crews Ashekman, R.E.K , P+G, Ph@2, Mou3llem, Kabrit animent, désormais, avec ferveur la scène graffiti beyrouthine.

Beyrouth à travers les murs
Si certains, comme les membres du crew Ashekman se spécialisent dans les graffitis en arabe avec ces caractères koufis (anguleux et géométriques) et diwani (ornemental et étiré), d’autres alternent entre lettres arabes et lettres latines. C’est en effet le choix du crew R.E.K. (Red Eyes Kamikaze) qui a débuté sa carrière sous l’impulsion de Sari, dit Fish, dès les années 90. Si ce choix diffère, les graffitis à caractère social et politique semblent être le dénominateur commun des crews les plus actifs. Les frères Kabbani, du crew Asheman, qui signifie « échappement » en argot arabe, marquent les murs beyrouthins de leurs slogans «al share3 ilna» (« la rue est à nous »), ou encore «Ghaza fi qalbi» (« Ghaza dans mon cœur »). Il en est de même pour le crew R.E.K. qui ne manque pas de reprendre sur des sacs ou cartes postales certains de leurs graffitis comme «Beirut ma bit mout» (« Beyrouth ne meurt pas ») ou encore «Beirut in hakat» (« Si Beyrouth parlait »).

Beyrouth à travers les murs

Jusqu’à présent, ces jeunes artistes de la rue réalisaient leurs œuvres avec des bombes à peinture pour les voitures. Aujourd’hui, l’arrivée de matériel plus adapté, l’organisation de workshops avec des artistes internationaux qui viennent partager leur savoir et leur culture ne peuvent qu’encourager la jeune génération.

Maël Le Tolguenec

1. Joseph Brakhya, architecte et éditeur de l’ouvrage  » Marking Beirut, a city revealed through its graffiti » de Tala Saleh in « Beyrouth à travers ses murs » (Carla Hénoud), L’Orient le Jour, 14/01/2010

Plus d’infos_____________________________________________________

Ashekman
R.E.K
P+G

Marking Beirut - A city revealed through its graffiti, écrit par Tala Saleh


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