Mais qui est donc ce clone de Lefebvre ?
Christian Jacob, le tout nouveau patron de l’UMP à l’Assemblée nationale, est sorti bruyament de l’anonymat. Le successeur
de Jean François Copé est en train de se faire une belle réputation de briseurs de portes blindées, de casseurs de précieux tabous. Le préjugé facile voudrait qu’un ancien agriculteur est
d’avantage familier avec les gros sabots. En témoigne sa sortie sur le statut des fonctionnaires qui non seulement provoqua l’ire de la gauche mais avait mis le Premier ministre François Fillon
dans une rage froide au point de l’affubler de méchants sobriquets.
Le Rantanplan de l’UMP récidive avec une attaque nauséabonde contre Dominique Strauss-Khan. Avec pour principale réussite de ce mettre à dos toute la gauche mais aussi bon nombre de citoyens indignés par une attaque qui frôlent l’antisémitisme.
Dans un premier temps Jacob a fustigé le suspene autour de la déclaration de candidature de DSK, en oubliant que Sarkozy tente, lui aussi d’entretenir le suspense sur sa propre candidature. Pas très habile de reprocher à DSK ce que l’UMP tolère de Sarkozy.
Puis, ce gros bourrin a jugé que le directeur général du FMI « n’incarnait pas l’image de la France, l’image de la France rurale, l’image de la France des terroirs et des territoires, celle qu’on aime bien, celle à laquelle je suis attaché« .
« Je dis là dessus Stop! tout de suite, tout de suite! », a lancé Benoit Hamon lors de son point presse hebdomadaire rue de Solférino. La droite qui « a reçu des instructions pour parler en ce sens doit arrêter immédiatement », a-t-il jugé. « Nous avons très bien compris les relents moisis derrière cette déclaration », a répété le porte-parole. Benoit Hamon, représentant de l’aile gauche du parti, a tenu à faire « cette déclaration qui montre clairement la limite entre ce que nous accepterons et ce que nous n’accepterons pas ».
Christian Jacob « a été beaucoup trop loin » et il faut que « ça s’arrête tout de suite », a-t-il
martelé. Ses propos à l’encontre de DSK ont « des relents extrêmement clairs. La droite a droit de le critiquer sur ses choix politiques », sur ce terrain-là » mais cette
déclaration est « inacceptable ». Le porte parole du PS a espéré qu’il y aurait « bien plus que des socialistes à considérer que cette déclaration est inqualifiable ». Il a
estimé que dans le jeu politique, les « règles » ont été « bafouées ».
« Indigne d’un parlementaire »
Outre Benoît Hamon, les partisans de Dominique Strauss-Kahn sont eux aussi montés au créneau.
Jean-Christophe Cambadélis a estimé que le propos de Christian Jacob étaient « indigne d’un parlementaire ». « « Dire que DSK n’est pas à l’image de la France,
c’est sous-entendre qu’il est un étranger, un apatride, membre du ‘parti de l’étranger’, voire malheureusement bien autre chose« , écrit-il dans un communiqué. « Je demande à
François Fillon ou à Jean-François Copé de rappeler à l’ordre le président du groupe UMP à l’Assemblée nationale. Ce propos dépasse la simple controverse, il touche aux principes
républicains« , poursuit-il.
« Je trouve ces attaques profondément malsaines dans leur thématique. Cela ressemble un peu à une rhétorique de l’extrême droite de l’entre-deux-guerres« , a réagi le député Pierre Moscovici sur LCI. « Au fond, Christian Jacob n’est pas un mauvais bougre, je lui demande de retirer ses propos et de changer de disque« , a-t-il ajouté. « Il y a quelque chose qui n’est pas sain et il ne faudrait pas qu’il continue sur ce terrain là. »
« Un véritable gage de crédibilité et d’efficacité »
Jean-Marie Le Guen, député de Paris, a estimé que les sarkozystes avaient « déjà désigné en Dominique-Strauss-Kahn
l’adversaire qu’ils redoutent » pour 2012. « Alors que s’affirmera la candidature de Dominique Strauss-Kahn, nous savons désormais qu’ils utiliseront les arguments les plus
contradictoires et les méthodes les plus ignobles pour garder leur pouvoir », a-t-il écrit dans un communiqué. « Mais, depuis quatre ans, les Français ont appris à connaître
Nicolas Sarkozy, ils jugeront comme il convient ses ficelles et ses outrances. Nicolas Sarkozy ne se sauvera pas en abaissant le débat politique et en abîmant la République« , a-t-il
assuré.
Michel Destot, député-maire PS de Grenoble, a pour sa part souligné que « le débat public mériterait plus de hauteur et ne s’enrichit pas des attaques personnelles« . Il s’est réjoui que « dans le contexte mondialisé que nous connaissons, la France compte pour la première fois, parmi ces candidats potentiels à la présidence de la République, un homme à la fois d’une dimension internationale incontestable et d’une expérience concrète au service des Français, tant comme maire de Sarcelles que comme ministre de l’Economie« . « Un tel parcours est, contrairement à certaines déclarations, un véritable gage de crédibilité et d’efficacité face à la crise qui frappe la France dans le concert des nations« , a-t-il jugé.
Mais qui est donc ce clone de Lefebvre ?
Avant de prendre la place de Jean François Copé, Christian Jacob n’avait pas de relief particulier. Sa carrière ministérielle auprès
de Jean Pierre Raffarin et de Dominique de Villepin le faisait naviguer sans grande notoriété entre les personnes handicapées, l’artisanat, les PME et la fonction publique. Il s’était fait
remarqué en signant en septembre 2010 avec Jean François Copé, François Baroin, actuel ministre du Budget et Bruno Lemaire, actuel ministre de l’agriculture et de la pêche une tribune dans
« Le Figaro» pompeusement intitulée « les conditions de la victoire en 2012 », dans laquelle les quatre somment Nicolas Sarkozy de concevoir une nouvelle stratégie de
reconquête.
De cette tribune, Christian Jacob apparaît au grand jour comme un de flibustiers de Jean François Copé, l’étoile montante en face de Nicolas Sarkozy. Il était déjà une des pièces maîtresses de son club de réflexion, de séduction et de lobbying « Génération France.fr ». Il était presque naturel qu’avant de prendre la présidence de l’UMP, Jean François Copé milite pour placer son ami Christian Jacob à la tête de son groupe parlementaire.
Et à toux ceux qui lui reproche d’avoir aveuglement endossé le costume de Jean François Copé à l’Assemblée nationale, Christian Jacob eut cette formule qui en dit long sur ses disponibilités : « Nous jouons sur des registres différents. Je ne fais pas du Copé-collé. On est différents sur tout et concurrents sur rien! ». Et c’est vrai qu’ils sont différents ne serait que sur le plan du look. A la calvitie conquérante de Jean François Copé s’oppose visuellement l’explosion capillaire de Christian Jacob, un mélange parfait entre Raymond Domenech et Emmanuel Chain, journaliste de télévision.
Avec ses déclarations à l’emporte-pièce ; Christian Jacob est en train de prendre doucement mais sûrement la place laissée vacante par Frédéric Lefebvre, ancien porte parole de l’UMP du temps de Xavier Bertrand, reconverti, hasard du Casting gouvernemental, dans l’artisanat, les PME et le commerce, les anciennes occupations de Christian Jacob.
Sources : NouvelObs et Le Post
Merci à : Section du Parti socialiste de l'île de ré