La révolte du Caire qui a conduit à la chute du régime d’Hosni Moubarak a révélé un aspect peu connu des Frères Musulmans: l’existence d’une frange jeune, réformiste et dynamique, au sein du plus ancien mouvement d’opposition en Egypte. Et cette réalité devra être prise en compte dans la construction d’un après Moubarak, pour que la voix des protestaires de la place de la Liberté soit entendue. Il semble établi dorénavant que les mots d’ordre appelant à une manifestation le 25 janvier lancés à travers les réseaux sociaux ont été immédiatements suivis, si ce n’est inspirés, par la Jeunesses des Frères Musulmans. Dans un article de son édition du lundi 14 février, le Financial Times, explique comment cette nouvelles génération d’islamistes a participé dès le premier jour aux rassemblements de la Place Tahrir. La Jeunesse des Frères Musulmans est formée d’étudiants et de diplômés de moins de 40 ans. Ils ont su, à l’inverse de leurs ainés, adapter leur discours politique ancré dans les principes de l’Islam à la modernisation nécessaire d’une société égyptienne, mise au défi d’entrer de plein pied dans le monde global. Et, bien sûr, les technologies de communication qui permettent la mobilisation rapide d’une masse critique de partisans ne leur sont pas inconnues. Ils ont su également donner au mouvement populaire « spontané » une structure organisationnelle capable de résister aux assauts du pouvoir, et nécessaire pour pérenniser la révolte jusqu’à ce qu’elle obtienne satisfaction. Ce sont donc les jeunes de l’Ikhwan qui ont assuré le service d’ordre, défendu les manifestants devant les attaques des séides de Moubarak, et garanti que les rassemblements demeurent pacifiques et évitent les provocations face à l’armée. Ils ont également eut la sagesse de ne pas profiter de leur poids et de leur structure pour s’impoer aux autres organisations, et détourner à leur seul profit la rage populaire. « Nous avons appris à coopérer avec les autres », explique un des responsables de cette nouvelle génération d’islamistes, Mohammed el Kassas, cité par le FT. Comme ses pairs, il est bien décidé à assurer la participation de la confrèrie dans le dialogue politique qui doit s’ouvrir pour définir le futur du pays. Mais il reste à déterminer quelle place l’armée –qui s’est imposée comme le garant d’une transition vers plus de démocratie– est disposée à laisser à la confrèrie, qui assure aujourd’hui être prête à relever le défi d’une cohabitation sincère entre les libertés individuelles et politiques et les exigences de soumission aux principes de l’Islam.