Voulez-vous parler CO² avec moi ?

Grenelle de l'Environnement oblige : le vert est à la mode aujourd'hui ! L'Aviation Civile - la DGAC - a mis en ligne son calculateur d'émissions de CO².

Aujourd'hui donc, libre à vous, si vous optez pour le vert, de connaître l'émission de CO² liée à votre voyage en avion au départ de la France et ce vers plus de 800 aéroports à travers le monde. Ce calculateur, réalisé avec le soutien de la Mission interministérielle de l'Effet de serre et la collaboration technique du CITEPA - Centre interprofessionnel technique d'études de la pollution atmosphérique - organisme certifié, prend en compte :

• les types d'avion utilisés par les compagnies aériennes opérant sur la liaison concernée
• le remplissage de l'avion observé en 2006 : nombre de passagers et tonnes de fret
• le fret et ce avec une marge d'erreur évaluée à 10% selon les paramètres du vol (route utilisée, conditions météo, taux de remplissage de l'avion...).

Par exemple, je décolle de Roissy Charles-de-Gaulle vers Punta Cana en République Dominicaine : mon trajet, pour une distance Aller/Retour de 14 340 km, consomme 452 litres de kérozène et émet 114 kg de CO².

Cette mise en ligne s'inscrit dans une démarche globale de transparence engagée par l'Etat à l'occasion du Grenelle de l'Environnement, devoir d'information oblige, discours vert pour se joindre aux medias autour de cette noble cause.

D'ailleurs entre la récente livraison à Singapore Airlines du premier exemplaire de l'écologique A380 et la remise du Nobel de la Paix au GIEC et à Al Gore, l'environnement est devenu un thème porteur.

Or, si la DGAC vous laisse en plan au bord de votre route et ne vous présente aucun lien vers des organismes proposant des programmes de compensation, elle vous invite à réfléchir en comparant votre consommation de CO² à d'autres consommations : voiture de petite cylindre, 4x4 flambant neuf - à ce sujet lire l'article argumenté de Petra Friedmann, Directrice générale d'Opodo sur le blog Opodo - consommation de chauffage...

Je partage son avis : arrêtons de diaboliser l'industrie du tourisme sitôt qu'est évoqué le réchauffement climatique !

Il est intéressant de rappeler que les émissions totales de CO² liées au transport aérien s'élevaient en France à 20,9 millions de tonnes en 2005 dont 4,9 milions pour les vols domestiques ( la moitié liée à la desserte de l'Outremer) et 16 millions pour le trafic international . Depuis 1990, elles ont progressé de 59% surtout en raison de l'accroissement du trafic pour passer de 13,2 millions à 20,9 millions de tonnes de CO².

Les compagnies aériennes et de leurs partenaires constructeurs ( motoristes) et aéroports se déclarent aujourd'hui très concernés par les problématiques environnementales. L'objectif est de maîtriser - voire de diminuer - les réjets de CO² dans l'atmosphère provoquant le réchauffement de la planète. " Notre secteur représente environ 2% des rejets de gaz à effet de serre, il nous faut rester en dessous de 3% en 2020" a insisté Timothy Clark, président de la compagnie Emirates basée à Dubaï.

Néammoins le développement du trafic aérien s'est accompagné d'une nette amélioration de l'efficacité énergétique : depuis 1990 la progression des émissions a été deux fois plus faible que celle du trafic en partie grâce à une meilleure technologie des avions : des avions plus propres car moins gourmands en kérozène. ( 20% de consommation de kérozène en moins).

Qu'en est-il de l'opinion publique et surtout de l'intention d'agir des Français ? Comme le précise Didier Hamon, directeur Développement durable Aéroports de Paris, l'industrie souhaite se mobiliser autour d'une question de plus en plus sensible dans l'opinion publique, même " si cette dernière reste pour l'instant très silencieuse".

D'une part, une étude TNS Sofrès réalisée en avril dernier à la demande de la SNCF révèle de fortes attentes de la part des Français pour le train, bien sûr puisque c'est un sondage "commandité" par la SNCF un mode de transport perçu par eux comme "respectueux de l'environnement":

• 87% des Français se disent préoccupés par les conséquences du changement climatique
• 28% d'entre eux - dont 38% de jeunes - considèrent que le secteur des transports est le secteur d'activité qui devrait faire le plus d'efforts en matière de développement durable
• 69% des Français estiment que le train aura une place "plus importante" dans l'avenir et qu'il représente, au sein du secteur des transports, le mode ayant le plus fort impact sur le développement économique.

D'autre part, d'après le sondage du Quotidien du Tourisme publié le 7 novembre 2007, les agents de voyage constatent que les clients ne leur posent aucune question en matière d'environnement. Si les Français ne peuvent ignorer cette noble cause dont les politiques et les medias ont fait largement leur cheval de bataille pour verdir leurs discours ces derniers mois, depuis la campagne présidentielle jusqu'au Grenelle de l'Envrionnement, peu de Français sont ajourd'hui prêts à compenser leur émissison de CO² lors de leur trajet en avion à cause de leur pouvoir d'achat qui baisse régulièrement !

Sachez que Virgin Atlantic vient d'annoncer qu'elle propose désormais à ses passagers, en même temps que la vente de produits duty-free, de compenser les émissions de CO² de leur trajet, comptant sur la pression sociale pour forcer la main des rétifs. En vertu de ce dispositif disponible depuis le mardi 6 novembre 2007, le coût dépend de la durée de votre vol et de la classe et prend aussi en compte le poids des équipements de la cabine et du volume de frêt transporté.

Dans le cadre du salon World Travel Market à Londres - WTM - du 12 au 15 novembre 2007, plus d'une centaine de ministres et représentants des pays de l'Organisation Mondiale du Tourisme ( OMT) ont approuvé un document reconnaissant le rôle du secteur touristique dans le réchauffement climatique et présentant des pistes pour y remédier. Alors que le réchauffement climatique menace de disparition certaines îles du Pacifique et pourrait même priver de neige des stations de montagne, le secrétaire général de l'OMT, Francesco Frangialli a lancé un appel à la mobilisation des acteurs du tourisme : "Le tourisme participe au réchauffement climatique, mais il en est victime en même temps". ( Source Le Quotidien du Tourisme 16/12/07).

A partir du 3 décembre 2007, s'est tenu à Bali en Indonésie le Sommet des Nations Unies sur le climat qui a élaboré l'esquisse d'une stratégie de lutte contre les changements climatiques en tenant compte des Objectifs du Millénaire pour le développement.

A la mi-novembre, les députés européens ont voté un texte en première lecture visant à inclure les compagnies aériennes dans un système d'échange de quotas d'émissions de gaz à effet de serre. Ce qui fait dire au Président de IATA Givoanni Bisignani que " le réchauffement climatique est un problème sérieux et l'hypocrisie n'est pas la réponse. Nous pourrions économiser 12 millions de tonnes de CO² par an avec la mise en place d'un Ciel unique européen. Au lieu de cela, l'Europe poursuit résolument un calendrier politique d'échanges de quotas d'émissions qui n'aide en rien à améliorer la situation de l'environnement".

Si la curisoité vous titille, je vous invite à vous informer sur le site du réseau Action Climat France, spécialement dans la rubrique Approches sectorielles. Le RAC-F vous donne un aperçu précis de la situation et énonce aussi des avis et recommandations sur les politiques publiques ou l'utilisation commerciale de l'argument "rejet de carbone".

Il est temps d'agir au quotidien pour limiter au mieux nos déplacements.Le réchauffement climatique est l'enjeu Numéro 1 de notre siècle. Le défi majeur à relever jour après jour pour nos enfants. Les fleuves sont toujours nés de rivières.