L'auteur cloue le bec à tous ceux qui affirment encore que les camps de concentration n’auraient pas existé. Il rend du même coup hommage à son grand-père, résistant communiste républicain déporté à Mauthausen. Le travail de documentation est irréprochable. L’écriture est stylistiquement littéraire et magnifiquement incisive. On comprend que Sabine Wespieser l’ait inscrit à son catalogue.
Je pourrais faire des parallèles entre les destins des deux familles, sur le bien et le mal, sur l’élévation par le travail et les connaissances, sur la déchéance … sur l’appétit de justice et l’ivresse du pouvoir. Les férus d’Histoire se régaleront. Ceux qui doutent de l’infamie nazie continueront hélas à nier.
Nous sommes majoritaires à connaitre l'existence de cette horreur, comme celle de bien d’autres dans bien d‘autres ailleurs. Je pense suffisamment souvent à mes propres grands-parents pour comprendre la nécessité ressentie par Vincent Borel. Mais quand j’ouvre un roman, j’attends … du roman. Comme ce que fait superbement par exemple Jean Echenoz avec la vie de Nikola Tesla dans des Eclairs.
Le livre de Vincent Borel commence sur ce versant dans une luxueuse prison dorée d’Oracabessa. Il change de registre sans prévenir, au bord de la page 25, là où le fuyard abandonne ses espadrilles et son bermuda fatigué. Dommage !
Antoine et Isabelle, de Vincent Borel, chez Sabine Wespieser Editeur, 2010, 492 pages
Ce livre a obtenu le Prix Laurent-Bonelli décerné par Lire et Virgin Megastore