Franz Xaver Messerschmidt, Afflicted with Constipation, 1771–83, lead-tin cast.
C’est probablement la première fois que je vais parler dans ce blog d’une exposition qui a lieu au musée du Louvre, et pour cause il s’y trouve peu d’art contemporain. Alors pourquoi en parler me direz-vous ? Hé bien parce qu’en ce moment, une exposition temporaire nous propose de découvrir un artiste dont les œuvres pourraient tout à fait figurer dans une exposition d’art contemporain.
Il s’agit d’un sculpteur allemand du XVIIIè siècle. Non, non ne partez pas, je vous assure que cet artiste a produit une œuvre fascinante. Bon d’accord, en plus son nom est imprononçable : Messerschmidt, mais il en vaut la peine.
Messerschmidt fut un artiste officiel travaillant pour la cour de Vienne comme en témoigne son buste de Marie-Thérèse, mère de Marie-Antoinette.
"Un fou évident" 1770 Albâtre de Franz Xaver Messerschmidt : © Galerie du Belvédère, Vienne
Progressivement, son style s’épure, les vêtements et autres perruques disparaissent au profit du sujet qui nous est présenté dans toute sa nudité, « dans toute sa vérité » aime-t-on à le croire et à le dire.
Mais brutalement en 1774, ses riches clients le délaissent et il n’est pas confirmé dans ses fonctions à l’Académie. On entend se murmurer qu’il « semble parfois perdre la raison ». Messerschmidt quitte la capitale et part vivre quelques temps dans une cabane isolée avant de s’installer chez son frère dans l’actuelle Bratislava. Pendant cette dernière partie de sa vie, il accumule les « têtes de caractère » qu’il serait plus juste dans son cas d’appeler des « têtes d’expression ». En effet, le sujet de tous ses bustes est une foule de visages dont la variété des expressions est incroyable. Ainsi, les personnages présentent des traits déformés par la colère, la tristesse, la mauvaise humeur ou bien encore par une mauvaise odeur. La vérité tenace qui en émane nous ferait presque rire. Certains sont franchement surprenants comme le constipé dont le cou a disparu sous l’effort. D’autres bustes aux traits très tirés, à la peau tendue sont un peu effrayants surtout ceux dont le personnage a un bâillon sur la bouche.
Au début du XXè siècle, ces sculptures ont grandement intéressé les psychiatres viennois.
Franz-Xaver MESSERSCHMIDT (1736-1783) - Tête de caractère - Musée du Louvre
Un témoignage d’un contemporain de l’artiste nous aide à mieux comprendre la démarche de l’artiste. Messerschmidt semblait souffrir de schizophrénie et disait être persécuté par des mauvais esprits. Pour les capturer, et ainsi apaiser ses douleurs, il tenta de les emprisonner en les piégeant dans des formes extérieures : ses œuvres.
Ces sculptures sont donc la matérialisation de la maladie d’un sculpteur au talent incontesté essayant de remédier à son mal par son art.
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Musée du Louvre
exposition "Messerschmidt" du 28 janvier au 25 avril 2011
aile Richelieu, entresol
ouvert tous les jours sauf le mardi de 9h à 18h