Run © Ankama - 2006
Angelino est un jeune un peu paumé qui loue avec son pote Vinz une chambre à l’année dans un hôtel miteux, un pied-à-terre assez crade où il nourrit sa colonie de cafards. Une vie de démerde, une existence au final assez banale et une vie semble-t-il sans avenir dans la ville de Dark Meat City.
Un jour cependant, alors qu’Angelino est en train de faire ses heures de livreur de pizza, il se fait renverser par une camionnette. Le scooter est plié, son temps de livraison dépassé, Angelino vient de perdre son emploi. Cet accident génère de violents maux de tête accompagnés d’hallucinations pour le moins troublantes (il voit certaines ombres qui ont la silhouette de Batman). Par la force des choses et ne supportant plus la douleur, Angelino se résout à consulter son médecin. Ce dernier se veut rassurant : le stress et la fatigue sont la cause de ses maux. En guise de traitement, une cure de sommeil devrait suffire. Ce qu’Angelino ne sait pas, c’est que son toubib s’empresse de prendre son téléphone pour signaler qu’Angelino est devenu une menace puisqu’il est capable de voir « les ombres ».
C’est le début des ennuis pour Angelino et Vinz, une cavale folle s’en suit… et les deux lascars ne comprennent pas ce qui leur arrive.
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Pas sure que j’aurais aimé cet album si on n’y était pas accueilli par une longue préface de l’auteur qui présente, en toute modestie, la genèse de son monde, de ses personnages et de son délire en général. Partie d’une idée assez ancrée dans la réalité, ce projet a eu « la chance » de ne pas voir le jour tout de suite, par manque de temps et de moyens. Du coup, le projet a lentement murit dans son cerveau génial, alimenté de quelques faits divers et surtout, d’un voyage réalisé en compagnie de trois amis aux Etats-Unis. Pendant que les paysages défilaient sous le regard de Run, un à un, les pièces du puzzle s’assemblaient et donnaient de plus en plus de consistance à ce monde déjanté. Si vous voulez en savoir plus, cliquez ici (une image que vous pourrez agrandir).Impossible de savoir, dans Mutafukaz, s’il s’agit d’une pure fiction ou si cet univers est une potentielle projection de notre monde qui aurait subi quelques attaques chimiques et radioactives au point de modifier significativement la morphologie d’une partie de la population. Sommes-nous donc en train de parcourir le monde onirique et déjanté d’Angelino ? En tout cas, je crois que même si la question m’a un temps effleuré le neurone, l’important n’est pas tant d’apporter une réponse à cette question… à trop cogiter, on se priverait du plaisir que procure ce premier album d’une série de trois albums (série en cours) et deux hors-série. Au passage, une parodie cinglante de nos sociétés, des travers passés au karcher du cynisme et de la caricature.
Le rythme du récit est survolté et dispose de très peu de temps de pauses, sans que pour autant on en attrape la nausée. Les visuels y sont pour beaucoup et sont un bon mélange de références franco-belges, de manga et de comics. La découpe de planches très hétérogène et rend la lecture des chapitres vraiment agréable. On va naviguer entre plusieurs ambiances : la réalité d’Angelino (où tous ses repères se cassent la gueule vitesse grand V) et son monde onirique remplit de rêves complètement déjantés (déformant encore un peu plus notre réalité). Au passage, on croise de nombreux personnages qui ont de vraies « gueules ». Un univers péchu, franc où l’on ne s’ennuie pas. Quatre chapitres dans ce premier album… et je n’ai pas l’intention de m’arrêter là dans la lecture de cette série.
En bonus, à la fin de l’album, un très beau cahier graphique d’une trentaine de pages.
Un trailer réalisé par RUN qui vous permettra de vous sensibiliser un peu plus à cet univers :
Une lecture qui m’avait été conseillée par MrZombi et qui intègre de ce fait le Challenge PAL Sèches !
Un tome introductif de série très convaincant qui se clôt de manière magistrale. Un tas de questions taraudent le lecteur et ce qui est sûr, c’est qu’il n’aura pas fallu l’intégralité de ce tome pour me convaincre ! A suivre…L’avis de Sieur Champi à lire de toute urgence et le site dédié à la série !
Une interview de Run sur le tome 1 :
Extraits :
« Heureusement qu’il y a les bus, parce qu’autour de l’hôtel, c’est la zone sur plus de trois bornes. Mais qui dit bus dit aussi tous les tarés qui vont avec. Et contre eux, pas d’échappatoire possible, parce que le pays entier en est plein. L’autre jour, aux infos, ils ont dit qu’un mec avait mis son bébé dans la machine à laver pour lui faire sa toilette. Quand il s’est rendu compte du carnage, il a fini le reste de la famille à la pelle pour ne pas avoir d’ennuis… faut vraiment être à la masse pour faire un truc pareil. Dieu merci, ils ne sont pas tous aussi tordus. La plupart ne sont que des bons à rien qui savent à peine qu’ils existent. Le pire c’est qu’au fond, j’ai peur de leur ressembler » (Mutafukaz)
Mutafukaz
Tome 1 : Dark Meat City
Série en cours
Editeur : Ankama Editions
Collection : Label 619
Dessinateur / Scénariste : RUN
Dépôt légal : septembre 2006
Bulles bulles bulles…