En ce moment, les USA traversent une crise majeure en terme de crédibilité à l’international. Leurs choix politiques discutables les ont amenés dans une position où ils sont aujourd’hui un pays vu comme un ennemi dangereux. Y compris en interne où fleurissent les films tentant d’éveiller les consciences sur les choix fait par leurs dirigeants. Après des films comme The Kingdom ou Détention Secrète, il est l’heure de disséquer La Guerre Selon Charlie Wilson.
La guerre selon Charlie Wilson – Il était une fois en Afghanistan
Aujourd’hui, c’est un peu le foutoir au proche orient, du à des années d’intervention américaine, plus ou moins discrètes La guerre selon Charlie Wilson s’intéresse justement à l’Afghanistan et à la série d’évènements qui ont amené les américains à soutenir la population locale contre l’envahisseur soviétique.
Joanna Herring (Julia Roberts), grosse fortune texane, décide de prendre parti pour la cause afghane. A moitié fanatique, elle met sa fortune et son réseau de connaissances en branle pour contrer autant que possible la progression bolchevique. Elle arrive à convaincre son ami, le député Charlie Wilson (Tom Hanks), coureur de jupon et fêtard notoire, de l’appuyer. Aidés d’un laissé pour compte de la CIA (Philip Seymour Hoffman), ils vont arriver à créer une alliance secrète et contre nature entre Israël, le Pakistan, l’Arabie Saoudite et l’Egypte pour faire transiter armes et argent et équiper les insurgés.
Premier constat, dans la foule de films politiques qui voient actuellement le jour, celui-ci touche aisément le haut du panier. Casting trois étoiles servant clairement le film, dialogues savoureux, ironie mordante sur les rouages politiciens de Washington, éclairage sur l’incompétence et la bêtise crasse des politiques, démonstration de la séparation difficile aux USA du pouvoir et de la religion, lumières sur la situation actuelle afghane…
D’autant plus troublant que Charlie Wilson existe vraiment, et que ce petit député de la deuxième sous-circonscription texane est arrivé à financer la plus grosse guerre « secrète » que les USA aient jamais menés. Le film accentue le trait en ayant volontairement un regard rigolard sur ses personnages, oscillant tous entre la volonté de bien faire et les vices (fanatisme religieux, drogue, alcool, femmes…) laissant douter de leur vraie motivation. Agissent-ils vraiment au nom du peuple afghan qu’ils disent représenter ou pour satisfaire leurs besoins réciproques de vengeance contre une hiérarchie débile pour l’agent de la CIA, de reconnaissance pour Wilson ou de fanatisme anti-rouge pour Herring ?
C’est suffisamment rare pour être cité, mais la démonstration est plus que convaincante. Elle fait même froid dans le dos. On a l’impression d’assister à une vaste valse des pantins, à une sorte d’effet boule de neige où une simple idée de venir en aide à l’Afghanistan, en doublant une aide initiale de 5 millions de dollars, se transforme en machine complexe arrivant pour la première fois de l’histoire à débourser plus d’un milliard de dollars pour une guerre officiellement non menée par les américains. Intéressant également de constater comment, au delà des antagonismes entre pays pro-musulmans ou pro-israéliens des liens arrivent à se nouer, contredisant leur histoire pourtant brûlante à l’époque… voir même pire que celle que nous connaissons actuellement.
Enfin, le film clôt en montrant le désintérêt des USA pour les situations qu’ils engendrent, et comment le simple fait de débourser un million de dollars pour reconstruire des écoles après le retrait des troupes soviétiques n’intéresse plus personne. Grande phrase à la fin du film, prononcée par Charlie Wilson : We changed the world, and then we fucked the endgame (Nous avons changé le monde, puis nous avons merdé la fin de la partie). A méditer…
Moment de lucidité qui fait vraiment réfléchir sur la situation géo-politique actuelle dans la région. Bref un bon film doublé d’un cours d’histoire à mettre définitivement entre toutes les mains !