Une tribune libre de Fabrice Decoupigny.
Je m’étais refusé à parler de sécurité jusqu’à maintenant, non que le sujet ne m’intéresse pas mais que je cultivais ce complexe de gauche qui rechigne à en parler. Parce qu’on fond de nous-mêmes (la gauche), nous avons perdu confiance, ou oublié, les valeurs qui fondent notre engagement : à savoir la construction d’un état de culture (civilisation) pour nous libérer de notre état de nature (loi de la jungle).
Lançons nous et parlons un peu de politiques sécuritaires.
Dans un premier temps qu’elle est la différence entre sûreté et sécurité ? L’un ne va pas sans l’autre. La sûreté est une politique, une action et où un processus qui met hors de danger. Quant à la sécurité, c’est un sentiment plus ou moins de quiétude perçu par un individu dans son environnement. « Le train est sûr, je voyage donc en sécurité parce que je me sens en paix ».
Si l’état assure la sûreté alors le citoyen peut vivre en sécurité. On construit des digues pour se protéger des inondations, on enferme des criminels pour circuler librement, on interdit certains produits pour manger sainement, on crée un système de santé pour ne pas tomber malade, on entretient une armée pour nous défendre, une justice pour garantir nos droits, des normes d’habitat pour éviter l’insalubrité… En résumé un état de droit démocratique n’a qu’un objectif : rendre la nation plus sûre face à des dangers internes et externes, qui guettent le citoyen, qu’ils soient naturels, sociétaux ou économiques.
Le concept de Sûreté implique un ordre républicain garanti par un état de droit qui permet à chaque citoyen de vivre librement, en ayant accès égalitairement à la souveraineté dans un climat de fraternité. Ca c’est la théorie.
La pratique apparaît toutes en nuances ces dernières années et nous constatons qu’à droite comme dans certains endroits à gauche, une surenchère malsaine et démagogique s’est engagée. Sécurité est devenue synonyme de lutte contre la délinquance, le banditisme et le nomadisme. Par conséquent, les solutions proposées ne peuvent aboutir qu’à des politiques répressives, d’expulsion ou d’enfermement. Or il se peut qu’une part non négligeable de l’insécurité soit aussi partagée par un déficit de sûreté de notre République car la société peut agir et impacter sur l’individu. On sait depuis Durkheim que le suicide peut résulter d’une pression sociale sur l’individu. En étant bref que les torts sont partagés. Avec la délinquance c’est la même chose et toute la difficulté n’est pas de pardonner des actes criminels, mais de mettre en place des actions de sûreté pour que l’acte criminel n’ait pas lieu.
Alors il y a deux façons de faire, une à droite (dissuader et réprimer) et une à gauche (prévenir et punir).
La première méthode est simple, c’est de mettre plus de policiers (ou de caméras) dans la rue : Dissuader l’acte criminel en menaçant de sanction et surveiller les populations à risques. On édicte alors des textes de dissuasion judiciaire accompagnée de prévention répressive. En jargon militaire, on appelle cela la Pacification.
La seconde nécessite une politique sociale en première instance : Prévenir l’impact de la société en identifiant des populations à risques et punir l’individu récalcitrant en l’isolant. On agit socialement sur des populations précaires pour sécuriser leur avenir afin de limiter le passage à l’acte criminel. Et c’est en dernière instance que l’on punit l’individu qui ne se soumet pas à l’ordre. Certains appellent cela l’action sociale.
Pour Monsieur le Maire, il faut taper plus fort sur ces mineurs, petits caïds de cités, qui terrorisent sa cage d’immeuble et pense régler le problème en les surveillant avec des caméras. Quand au leader de l’opposition niçoise, qui sur son blog lance un cri dans la nuit : « La ville a peur. Les personnes âgées n’osent plus sortir dès la tombée de la nuit. », c’est beau comme du Céline (ou du Giquel, au choix !). Le fait de hiérarchiser en deux temps les actions répressives puis les actions préventives laisse entrevoir une primauté de la pacification sur l’action sociale qui me laisse dubitatif. Nous avons là une dérive affligeante et consternante de quelqu’un qui court après rien du tout. Passons sur Monsieur le Maire qui est dans son rôle de leader populiste et conservateur. Je voudrais seulement dire qu’avoir un discours de gauche, sur la sécurité, ne veut pas dire coller aux concepts de droite mais avoir un discours républicain sur la sûreté tant sociale qu’économique.
- “La fondation Nicolas Hulot épinglée par un rapport parlementaire”, Libération. “Train de vie, mécènes influents et pas franchement écolos, «confusion entre intérêt général et action personnelle»…”.
- “Présidentielle : DSK, c’est parti!”, NouvelObs.
- Sur MediaPart, pour les abonnés: “Le Chêne Pointu, à Clichy-sous-Bois, est la cible d’un juteux trafic. Les appartements y sont achetés quelques milliers d’euros puis loués pièce par pièce à des tarifs prohibitifs. Premières victimes: les précaires et sans-papiers qui s’entassent à plusieurs familles dans un logement”.
- “Les arguments de Nicolas Sarkozy pour défendre sa ministre sont calamiteux”, Le Monde.