Un petit jouet désarticulé est sorti du grenier
dans lequel il se languissait sur le fil du temps impalpable
enfoui dans les décombres du passé , dans un état déplorable,
vint sur mon coeur se poser en signe de pardon et d'amitié.
Il était resté enfermé dans le vieux coffre en bois de chêne
parmi les fourrures et les écharpes en soies de feu ma grand-mère
à se lamenter sur son sort injuste et sur sa grande misère
personne n'arrivait à le consoler ni à comprendre sa peine.
Mais le pouvait-il? ses paroles étaient constamment étouffées
calfeutrées dans les tissus exhalant la senteur de la naphtaline
ses membres cassés n'arrivaient plus à grimper sur la zibeline
pour appeler de l'aide depuis la petite fente de la poignée.
Ses yeux étaient éteints de ne plus voir la lumière du soleil
sa voix étaient cassée d'avoir crier sa colère et sa peur
il avait le cafard en repensant aux images du bonheur
effacées dans la doublure des manteaux d'une beauté sans pareil.
Il errait dans le noir comme les nuages emporté par le vent
la solitude pesait plus que le poids du linge qui l'écrasait
suffoquant d'avoir été banni et rejeté à jamais
il maudissait la vie de n'être plus le jouet cet enfant.
Alors qu'il se débattait dans sa rage, il s'enroula si fort
qu'un ruban de taffetas lui attacha ses jambes et ses bras
il se sentit d'aplomb pour grimper jusqu'en haut et alerta
un rat qui rongea le bois avant de lui servir de transport.
Et c'est ainsi qu'un beau matin, il se retrouva devant moi
fier d'avoir toujours espérer en secret cette libération
Trop heureux de partager ses aventures et son affection
avec le seul ami avec lequel il se sentait chez-soi.
Ecrit par Lukyone, le 17 février 2011.