Au milieu de la liesse sur la Place Tahrir, un manifestant hurle dans le micro, son visage est rayonnant, « Il est parti, nous sommes libres, merci Facebook ! ». Dans sa chambre universitaire à Harvard, Mark Zukerberg n’avait probablement pas envisagé une telle carrière pour son réseau social Facebook. Mettre les gens en relation, tel était l’objectif et bien sûr, l’idée a fait mouche. En quelques mois le nombre de connectés dépassait les frontières américaines. Le monde est sur Facebook. Les riches, les pauvres, les détraqués, les gens bien, ceux qui rêvent d’un monde meilleur, n’importe qui connaît Facebook. Facebook libère la planète.
Le plus jeune milliardaire du monde, né au sein d’une famille juive américaine, peut s’enorgueillir de sa réussite. Aujourd’hui ces ennemis s’appellent Ben Ali, Moubarak et combien d’autres demain. La globalisation bat son plein. Difficile de fermer les yeux quand un bouleversement prend forme dans un coin du globe. Les dictateurs et autocrates ont du souci à se faire. Entre Wikileaks et Facebook, plus rien n’a de secret. La résistance passe par Facebook, un peu comme avant par la TSF. Mark Zukerberg peut profiter de sa fortune. Malgré cela, il semble avoir le triomphe modeste.
Encore une fois le mode de pensée anglo-saxon s’impose. D’ailleurs, Facebook est devenu un mot passe-partout universel, on ne le traduit pas. On n’ira quand même pas jusqu’à dire que les révolutions tunisienne et égyptienne portent la marque de fabrique Facebook. Ce serait voler aux citoyens leur mouvement de colère. Pour autant, on ne peut nier l’impact d’une subtile occidentalisation de la société, avec, dans les coulisses, les États-Unis. Ils ont l’audace qui fait lourdement défaut à l’Europe, parfois trop timorée dans ses décisions.
Le réseau social Facebook
verra peut-être son nom dans les livres d’histoire. Égyptiens et
Tunisiens se souviendront sans doute de Facebook. Pour une fois, ce
n’est pas à la pointe du fusil que les Américains ont converti des
populations à leur grand idéal de démocratisation du monde. Et, Facebook
n’est pas revenu à cher pour le contribuable américain. Les réseaux
sociaux sont une épine dans le pied des dictateurs. Ils s’infiltrent
partout. Ils se multiplient à l’infini. Quant à savoir si Facebook
pourra un jour empêcher le terrorisme, nul ne peut le prédire. Une seule
chose semble certaine, l’être humain ne peut être muselé éternellement.
L’homo sapiens est un être social. Mark Zukerberg a visé juste. Au
fait, sa mère ne serait-elle pas psychiatre par hasard ?