“Le libraire Borders victime du numérique”. C'est le titre d'un article de l'Express, suite à la faillite de la chaîne internationale de librairies basée à Ann Arbor dans le Michigan. Ce jugement sommaire va sûrement tourner en boucle dans la presse et surtout dans la tête des ennemis des livrels. Comme si, en son temps, l'invention de l'aspirateur avait enlevé leur travail aux femmes de ménage… Le fait est qu'elles ont appris à s'en servir.
On peut penser que l'invention de l'imprimerie a transformé bien des choses dans l'univers du livre. Les copistes ont dû s'adapter ou disparaître. Mais ils avaient souvent la garantie de l'emploi dans leurs monastères, ce qui n'est peut-être pas le cas des libraires de Borders. Je ne sais comment est dirigé ce mastodonte qui possède plus de 500 boutiques sur le territoire américain. Si ses dirigeants et ses libraires (pour autant que leur avis ait été sollicité) avaient réfléchi un peu mieux à l'avènement des nouvelles et révolutionnaires technologies, ils auraient peut-être trouvé une parade. Mais ils semblent avoir privilégié la politique de l'autruche. Il arrive aussi que des gens croient aux miracles et pensent que ces désagréments ne sont que provisoires. Désolé pour eux, mais je ne vois pas comment le développement du marché numérique pourrait s'enrayer au point de leur donner raison.
En bon adepte de Darwin, je pense qu'en matière d'édition les lois de la nature ont l'air de s'appliquer parfaitement. S'adapter ou mourir : Borders aurait dû y penser. Mais il est vrai qu'aux États-Unis le créationnisme fait un tabac. Mauvais pour la santé des libraires…