L’ordinaire au réveil avant le jour
quasi douceur ? mesures naissant dans et pour l’espace-temps, battements de gongs de marteaux en coton bleu tout se cherche en frôlant heurtant des surfaces d’air
pesées s’amorçant dans des plans tremblant
existences qui dans l’air du temps se trouvent confrontées, et s’entre-soupèsent :
neige gelée rayonnant vers le ciel dans l’aube venue
des oiseaux en nappes maintenant rissolent de gel sur le sol
cerisiers écorchés d’air
leurs lames d’écorces caramélisées s’enroulent
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Kafka, Journal de l’année 1917, Bouquins, p. 1113 (traduction...)
« Ô heure merveilleuse, sérénité parfaite, jardin sauvage. Tu tournes le coin de la maison et dans l’allée la déesse du bonheur se hâte à ta rencontre. »
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Jardin – fait pour... quoi ? (« fait » par opposition non seulement aux bois et forêts mais, différemment, aux champs ?)
Et les champs...
[ébauche de peut-être quinze ans, voire plus, comme tant d’autres...flétries ? feuilles de maïs bleuies]
Été obscur – fin d’été – en pleine explosion de lumière.
Folie, brusquement impérieuse, des haies confuses.
Noirs, alors, les chênes. Trembles vert cendre.
(Et ornières, traces de tracteurs, rosâtre poudre de plaques d’engrais secs entre les moignons de maïs)
Tout (bruissant, froissant, déchirant) peut-il se précipiter hors de
tout, choses incontenables dans aucun contour
explosions brusques ou expansions
(au ras du sol, langues sinuant dans les herbes ou les chaumes)
couleurs crépitent en alerte ou comme amorces – de quoi ?
puis – grâce à elles, induites par leur trop
libres luminosités – s’évadant, se vomissant, les substances de quoi que ce soit de senti,
y compris ses propres
pensées, ses propres paroles, réelles, se réalisant et par là devenant part de ce qui se répand...
confusion...
un énorme dedans sans dehors sans bord
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rouge-gorge seul sur le sol
en février parmi les feuilles mortes le vent les soulève gonflements bruns
il lève la tête darde un regard, vérifie l’espace, replonge
sol quasi de même couleur, mais ce rouge-orangé palpite en vie pure
noir de l’œil il troue tout ce que je peux m’en dire....
Claude Mouchard, « La vie douce et la terreur », tohu-bohu de notes, in revue Fario, n° 8, printemps deux mille dix, pp. 88 à 90.
Bio-bibliographie de Claude Mouchard
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