Qu’en penser ?
Les pessimistes observent que nos voisins allemands ont fait plus de deux fois mieux.
Les autres observent que l’Allemagne sortait en 2010 d’une récession beaucoup plus forte qu’en France, et que ce rebond de l’économie allemande n’a donc rien d’exceptionnel.
Les pessimistes observent que la performance française est inférieure à celle de la zone euro : 1,7%.
Les autres répondront que la France et l’Allemagne représentent 45 % du PIB de la zone euro, et que la croissance française aura donc été nettement supérieure à la moyenne des autres pays de la zone.
Ils ajouteront que, si l’on veut considérer les choses sur une période plus longue – quelques années – les taux de croissance moyens respectifs des deux pays n’ont pas beaucoup différé. Rien de très étonnant, du reste, compte tenu de l’ampleur de leurs échanges commerciaux mutuels.
Et ils ajouteront encore cette observation : le chiffre de 2010 n’est pas si éloigné du taux de croissance à long terme de l’économie française.
Certes, les sorties de crise donnent souvent lieu à des rebonds plus marqués. Mais comment espérer sortir de cette crise avec des performances brillantes, alors que la croissance ne peut venir que des marchés extérieurs, compte tenu des politiques d’ajustement budgétaire mises en place ? Et que la croissance de nos voisins les plus proches, en Europe, est elle aussi bridée par les politiques publiques de stabilisation financière.
En outre, les dites politiques de stabilisation financière, pour autant qu’on en puisse juger, se voient accorder un certain crédit par les marchés – ici encore, restons prudent – de même que les efforts franco-allemands pour mettre en place un rempart solide à moyen terme contre les crises monétaires. De sorte que l’euro a retrouvé une meilleure santé et que nos exportations resteront, pour l’essentiel, intra-européennes.
Peu de chose à attendre, donc, notamment pour les entreprises non « mondialisées », de la reprise de la croissance hors d’Europe.
Gageons qu’en 2011 la bouteille sera donc de nouveau à moitié vide et à moitié pleine. De quoi alimenter quelques débats de campagne électorale, si d’aventure les sujets venaient à manquer. A tout le moins l’emploi ne se dégradera pas, élément essentiel pour le moral des ménages.