Peut-on raisonnablement conjuguer ces deux éléments ? Ardente ou sage Helena ? La réponse sera « son porte-jarretelles rouge vif, qui striait ses hanches et ses cuisses de traînées de sang /…/ Et que dire alors de la science subtile qu’elle avait montrée dans l’amour ! ». De retour à Paris, le narrateur retrouve son quotidien morne de rédacteur en chef d’une modeste revue d’art et l’ épouse avec laquelle il entretient des rapports empreints de résignation sentimentale et affective. Une étudiante est passée dans sa vie, mais il lui a plus servi de père adoptif que d’amant. Il appelle Helena qui joue les bêcheuses. Le démon de midi est un usurier intraitable ; il vous comble d’or pour mieux vous mettre sur la paille et réclamer des intérêts impayables. Helena débarque. « Raconte-t-on le bonheur ? Non. ». Le roman est à 160 pages de son terme. On les parcourra à grandes guides, pour ce qu’elles réservent de plaisir, de fièvre , de cauchemar, de douleur, de jalousie, d’espoir, de mise à mal de la mécanique amoureuse. On trouvera délectable l’art subtil de la retenue dans l’évocation du désir frénétique et de la passion païenne. Comme un hommage au bandeau du peintre Augustin Rouart qui adorne la couverture, parce que bon sang ne peut mentir.
La guerre amoureuse de Jean-Marie Rouart, Gallimard, 243 pages, 18 euros ( crédit photo D.R)