J’aimerais revenir sur un parfum dont la poésie du nom, associé à un bouquet pensé comme une réminiscence orageuse, me donne des envies de parapluies de Cherbourg. Dans le même lyrisme impressionniste que l’Heure Bleue et l’Ondée, Quand vient la pluie est un des premiers parfums de Thierry Wasser pour la maison Guerlain.
Quand Vient la pluie reprend le thème floral déjà exploré par Insolence de l’héliotrope violet enrichie de couleurs plus vives et plus modernes. Mais incontestablement plus empreint du folklore naturel de Guerlain, il célèbre surtout le moment qui précède le violent éclat de l’orage, quand l’atmosphère est encore sombre, humide et électrique.
Quand vient la pluie a en effet été composé comme un poème dont les stances aromatisées retranscrivent la sensation d’un jardin aromatique qu’une averse aurait paraphé de ses gouttes.
La première impression est celle si familière à l’Ondée de « tarte aux cerise » aux effluves d’amande douce tandis que les senteurs de fleur d’oranger rappellent plutôt l’Heure Bleue. Néanmoins, Quand vient la pluie a quelque chose d’unique et de bien personnel avec ses notes humides et gourmandes de romarin, de cannelle, de praline, d’ambre et de musc.
On ne le détecte pas immédiatement, mais ne tarde pas à surgir une forte note de patchouli, directement issue du spectre du royaume de Chypre, qui dissipe alors le moindre souvenir de crépuscules ou de paysages irisés. Elle révèle à la place comme une sensation de forêt pliant sous les bourrasques liminaires: une sensation colorée, dramatique et amusante comme la première gorgée d’une bière brune, et cependant, nostalgique.
Le flacon, réalisé par l’artiste français Serge Mansau, est davantage conçu comme une sculpture que comme une simple bouteille et tente de reproduire la poésie du bouquet et du nom en imitant une goutte de pluie posée sur une feuille.
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