Les sports d’hiver ne se résument pas uniquement au ski alpin, au ski de fond, à la luge. Il existe beaucoup d’autres activités dont certaines plus adrénalisantes que d’autres. Je vous propose le skicross ou ski cross, une discipline sportive du ski acrobatique. Certaines stations le proposent à l’essai. Attention, ca défrise !
Des origines au développement
Également appelé skier X ou skier cross, le skicross est né à la fin des années 1990 aux États-Unis, où ont été créés les premiers Winter X Games, pendant hivernal des X Games. Parmi les disciplines officielles se trouve une pratique jusqu’alors inédite : le skicross. En 2003, le skicross est reconnu par la Fédération internationale de ski (FIS) et est intégré à la catégorie freestyle (ski acrobatique). En 2010, il est devenu épreuve olympique officielle lors des Jeux olympiques d’hiver à Vancouver. Le skicross reste par ailleurs toujours au programme des Winter X Games et fait partie des événements les plus attendus et les plus spectaculaires.
Une épreuve spectaculaire
Le principe du skicross est assez simple. Inspiré du motocross, il consiste en une course le long d’un parcours allant de 600 mètres à un peu plus d’un km et de 33% d’inclinaison, ce qui est le plus important, composé de divers éléments naturels ou artificiels comme les bosses, les courbes relevées ou tremplins. Le parcours de skicross est conçu pour mettre à l’épreuve les habilités des skieurs au travers des tables, des sillons. L’endurance et la force sont les éléments clés du skicross étant donné que les athlètes font de quatre à cinq descentes de 60 secondes ou plus. Une fois les qualifications terminées, les 32 skieurs qui ont réalisé les meilleurs temps aux épreuves individuelles peuvent prendre part à la compétition finale, un tableau à élimination directe Avant de pouvoir s’affronter selon le système par KO, il faut passer le stade des qualifications disputées sous forme de courses individuelles contre la montre.
La véritable course peut alors débuter. Quatre par quatre (voire six par six parfois), les skieurs s’affrontent et dévalent la piste le plus rapidement possible. Seuls les deux premiers de chaque descente ou manche (heat) sont qualifiés pour l’étape suivante. Les courses continuent ainsi jusqu’à ce qu’il n’y ait plus que quatre skieurs en lice. L’avant dernière course est la « petite finale », pour attribuer les places 5 à 8 ; à l’issue de la course finale, les vainqueurs sont médaillés et gravissent les marches du podium. Le skicross est au ski ce que le BMX est au vélo, la motocross à la moto, le boardercross au snowboard. C’est une succession de sauts, de bosses, de virages relevés et de ooppss.
Les skicrosseurs se comparent à des guerriers ou à des gladiateurs dont l’objectif est de faire partie des deux premiers à franchir la ligne d’arrivée. A eux de jouer des coudes pour s’imposer, avec interdiction de pousser ou de retenir sous peine de disqualification. Ils atteignent souvent des pointes de 90 km/h. Vitesse, équilibre et stratégie sont leurs armes. Sans oublier une bonne dose de folie.
Un dérivé du ski alpin
Le sport est né dans les années 1990 aux Etats-Unis, dans la mouvance du ski freestyle. Il s’apparente au snowboardcross qui est devenu discipline olympique à Turin en 2006, alors que le skicross est devenue discipline olympique seulement en 2010 à Vancouver. Ses pratiquants viennent pour la plupart du ski alpin, mais refusent d’être catalogués comme des déclassés de la discipline reine.
Pour l’Iséroise Marion Josserand, c’est un « fabuleux terrain de jeux, toutes les facettes du ski se rejoignent ». « Télégénique à souhait, le skicross est un vrai sport de combat où le regard jeté à l’autre et l’intox ont leur importance », ajoute le français Enak Gavaggio, vice-champion du Monde en 2001.
En faisant mes recherches pour cet article, j’ai eu le plaisir de pouvoir recueillir les propos d’Enak Gavaggio.
Enak Gavaggio, trentenaire, originaire des Arcs a un sacré palmarès, il évolue sur le circuit depuis plus de 10 ans et son palmarès donc parle pour lui : 5eme aux JO de Vancouver / 7 médailles aux X Games / 2fois 2eme et une fois 3eme au général de la coupe du monde / 3eme au championnat du monde 2007/ 4 et 5eme au championnat free ride 2001 et 2002
Kevin Fortin : D’où provient ton surnom de Dark Lord ?
Enak Gavaggio : A la suite d’un fight orchestré par moi-même dans l’ère d’arrivée des X Games. Je me suis chauffé avec un ricain (et un des favoris de la course). Il était plus rapide que moi sur une section de glisse, je lui fermé la porte, il n’a pas apprécié, puis est venu faire son show, façon boxeur devant moi dans l’ère d’arrivée devant les caméras, et forcément ça m’a pas plu et j’ai riposté, on a été séparé par la sécurité. Et depuis ce jour les Américains m’ont donné ce surnom.
KF : Comment en es-tu venu à ce sport ? Comment l’as-tu connu ? Comment est-il né et arrivé en France ?
EG : Par hasard et par besoin pécuniaire !!. J’étais en coupe d’Europe de descente et super G en alpin, j’ai arrêté ma carrière et me suis directement tourné vers le free ride. L’ouverture de la saison free ride se faisait à cette époque (98) par le mondial du ski aux 2 Alpes, j’y suis allé en stop, j’avais pas de caisse, et besoin de thune. Je vois une affiche (Premier ski cross en France, 8 000 francs pour le vainqueur), pas con l’artiste, je m’inscris, remporte la course et m’achète une caisse. Le pur bonheur ! L’idée de ce premier ski cross est venue des X Games aux USA où la discipline est née en 97. Event cool et alternatif, le mondial a lancé la discipline en France, ensuite Salomon dès l’année suivante a fait un énorme tour, appelé Salomon Cross Max, avec des étapes aux States et en Europe. C’était les années des teams de marques (Salomon, Rossignol, Head etc. etc. ). Bref, Les X Games l’ont crée en copiant sur le boardercross et Salomon l’a monté en puissance jusqu’à son entrée aux Jeux.
KF : Afin que l’on puisse tout comprendre, peux-tu me dire comment se nomme ceux qui pratiquent ce sport ?
EG : Euh, des skicrosseurs je pense !
KF : En lisant sur le sujet, on parle de oops, c’est-à-dire ?
EG : Les oops sont un module du skicross, tout comme en moto cross, ce module est une succession de petit dos ou gros dos d’âne, que l’on passe en simple, en double ou en triple, c’est -à -dire, doublé ou triplé les dos d’ânes, plutôt que de tout passer en amortissant.. En skicross, les modules, sont les virages surélevés (ou bank turn), les big air, step down (saut vers le bas, comme une marche), step up (saut vers le haut, le départ du saut est plus bas que la réception) etc. etc...
KF : Comment se nomme le terrain où l’on pratique ? ( Piste, circuit, pente… ? )
EG : Très bonne question, une piste fera l’affaire !
KF : Quelles sont les qualités de cette discipline ? Qu’est-ce qu’elle apporte ?
EG : C’est une discipline ludique, facile à comprendre, télévisuelle. On part à 4 ou 6, les 2 premiers ou les 3 sont qualifiés, il y a des rebondissements, des chutes, c’est un sport de duel, de combat. Le circuit américain a bien compris ce sport, présentant ces athlètes comme des gladiateurs, mettant en scène la compétitivité et les prises de risques, les chutes bien sûrs ! Ils partent du principe que les sports doivent être présentés comme des shows, on regarde, ou l’on vient en tant que spectateur, pour passer un bon moment, faire la fête, rire, être impressionné…Le circuit traditionnel FIS, sont encore à croire qu’un évènement est réussi si on a un premier et un dernier…
KF : A quoi ressemble un entraînement type ?
EG : Difficile. On a besoin d’être bon en ski alpin, donc faire du géant ou du super G. On a besoin d’être capable de suivre quelqu’un à 90 km/h, avec nos spatules sur les talons de l’adversaire, donc entraînement géant ou super Géant à plusieurs, ou tout simplement en ski libre. On a besoin d’être bon sur les sauts, donc amortis, up straken (c’est -à -dire sauter avant le saut… ) etc. etc., on a besoin d’être bon au départ, donc muscu du haut du corps à fond ! Vous l’aurez compris c’est un sport complet, il faut être bon de partout et dans tous les aspects du ski, en passant par de la force pure et de la glisse, donc du ressenti.
KF : Et une journée type de préparation lors des préparations de compétition ?
EG : En général, une ou deux pistes d’échauffement, une reconnaissance, (c’est-à-dire apprendre par cœur le tracé, connaître le moindre mouvement de terrain, et juger si l’on peut l’utiliser pour accélérer, connaître ces trajectoires à la perfection) puis deux à trois runs dans le tracé de course. Ensuite c’est le fight.
KF : C’est un sport qui doit procurer des sensations...
EG : Les sensations procurées par ce sport... des sensations aériennes, de vitesse, quand à plusieurs, du fait d’être dans le trafic, tout va plus vite, du coup, vertige, aveuglement, pilote automatique, bref frissons assurés !
KF : Peux-tu nous décrire un run adéquat, comme si on y était ?
EG : Difficile de d’écrire un run parfait, car en skicross tout est imprévisible, d’autant plus que le facteur chance joue beaucoup. Je m’explique, par exemple, on n’est pas à l’abri de voir un mec se planter devant soi, et d’être embarqué dans la chute. Mais le plus grisant des runs que j’ai eu fait, c’est sûrement, le fait de partir dernier (4eme ou 6eme) du fait d’une erreur stratégique au départ, et ensuit de doubler tout le monde pour prendre la victoire d’en l’ère d’arrivée, là, c’est le top du top !
KF : Où sont les meilleurs endroits pour le pratiquer ?
EG : A l’heure actuelle toutes les stations proposent des petits skicross. Aux Arcs nous en avons 3 et nous projetons d’en faire un 4eme. Les vacanciers raffolent de ce genre de terrain !
KF : Quels sont les attributs d’un skicrosseur ?
EG : Un gros cœur, lâcher le beurre, si tu freines t’es mort, une explosivitée, skier comme un chat, coupez le câble du frein à main, skier en aveugle, les yeux bander, foncer, accélérer, tenir le choc, tenir l’adversité, ne jamais baisser sa garde.
KF : Et leurs qualités (une certaine dose de folie aussi peut-être par exemple )...?
EG : Je sais pas faire la différence entre attribut et qualité. Quand tu dis attributs, tu veux dire les coronès ? Oui, il en faut ! Pour vraiment percer dans cette discipline, il faut être une sorte de mini funambule, anticiper l’action, le danger, être imprévisible pour surprendre son adversaire, calculer sa course, la réfléchir, se donner un plan d’attaque et s’y tenir.
KF : Est-ce qu'il y a une morphologie idéale ?
EG : Malheureusement c’est encore un sport dans lequel il faut être grand et fat ( lourd ). Moyenne des 4 finalistes des jeux de Vancouver, 1m86 pet (sec) plus de 100 kilos….Bref avec mes 1m72 et mes 80 kgs, je faisais ni le poids ni la taille !
KF : Il faut aussi une certaine musculature (par exemple les descendeurs alpins ont des cuisses, des dorsaux…
EG : Les skicrosseurs ont exactement la même morphologie que le descendeur, si ce n’est que l’on travail plus les fibres rapides, et une musculature plus importante du haut du corps pour les départs.
KF : Pour finir, que gardes-tu comme souvenir de ce sport ? Quelle est la nation qui le domine ?
EG : Je ne suis pas nostalgique, je n’ai pas forcément de souvenir, mais si je dois retenir 2 choses ce sont : mon accident de 2008, où j’ai dû attendre plus de 2 ans avant de revenir à mon top, et ma 5eme place des jeux, le plus beau et plus triste souvenir de ma carrière, d’autant plus que c’était mon dernier départ de skicross.
Concernant la nation dominante, cela a été la France pendant pas mal d’année, disons jusqu’à 2008. Depuis les Autrichiens et les Canadiens ont pris le relais, les tracés étant de plus en plus plats et glissants, leur gros gabarit leur permet d’écraser pas mal de compétition. En France, et en skicross la nouvelle génération est dans les poids plumes, c’est comme ça. Ceci étant, ils ont les crocs et n’ont pas l’intention de se faire dire la messe.
KF : A qui conseillerais-tu cette discipline ?
EG : A tous, à tout niveau, dans les stations, les snowparks, c’est excellent pour progresser, c’est des sensations terribles, le skicross ça doit vous arriver à tous et toutes, c’est une obligation !
Article rédigé par Kevin Fortin
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