Pollution et raison ne font pas bon ménage. Contrairement à ce qu’a déclaré le ministre de l’agriculture à l’Assemblée nationale, la FNE, collectif de 3000 associations, n’entend nullement jeter la pierre aux seuls agriculteurs et les accuser de tous les maux de notre société.
Benoît Hartmann, porte-parole de FNE a ainsi précisé que la fédération ne se bat pas contre les agriculteurs mais dénonce un modèle dont ils “sont souvent les premières victimes“. La vision simpliste de l’agriculteur seul coupable a permis pendant longtemps d’exonérer de leurs responsabilités toute une chaîne d’acteurs allant des banques aux politiques sans oublier les producteurs de machines agricoles, d’engrais, de pesticides et en bout de chaîne le consommateur otage de la grande distribution.
Sans surprise, Xavier Beulin, le nouveau président de la FNSEA, céréalier de profession, pur produit d’une agriculture intensive , a condamné très vivement la campagne de la FNE, parlant d’une campagne “d’une grande imbécillité” et “assez caricaturale“.
Que les gens ne soient pas d’accord c’est une chose, qu’on veuille limiter leurs droits d’expression en est une autre. Il est ainsi très surprenant de constater que la régie publicitaire du métro de Paris a censuré trois des six affiches prévues pour une campagne devant se dérouler du 15 au 21 février.
Les affiches censurées portent sur les algues vertes et l’impact des pesticides sur la disparition des abeilles. Benoît Hartmann a précisé que la RATP avait agi sans fournir aucune explication. Le fallait-il ? En effet, la campagne de la FNE tombe, et ce n’est pas un hasard, à quelques jours de l’ouverture du salon de l’agriculture, un client traditionnel de la régie publicitaire de la RATP.
Les réactions irrationnelles suscitées par une ONG qui ne fait après tout que répondre son objet témoignent de graves réticences à l’ouverture d’un débat public portant sur la santé publique et des choix de société.
Il convient de trouver entre l’agriculture et les associations environnementales une articulation du même type que celle qui existe entre la prévention routière, adepte de publicités très explicites, et les constructeurs automobiles. De la même façon que personne ne remet en cause la nature d’intérêt public de l’action de la prévention routière, le monde agricole doit comprendre que les associations environnementales concourent à l’intérêt général.