Alain Dubrieu, dans « Le désert de l’iguane », raconte avec son style flamboyant mais sans rien cacher de la vérité ses dix ans passés en prison. Dans la mouvance des années 70 et du gauchisme, il avait participé à des casses, tout en refusant la violence sur la personne. Dénoncé, il était tombé. Au lieu de se tenir tranquille et d’attendre les remises de peine, il deviendra actif dans la constitution des comités de prisonnier et ne bénéficiera d’aucune remise de peine. C'est ce processus qu'il décrit dans "Le désert de l'iguane" : l’univers de la prison et ses mécanismes. Pierre Torreilles, poète et fondateur de la librairie Sauramps à Montpellier lui avait donné sa chance en l'embauchant comme libraire. J’ai rencontré Alain, les dernières années de sa vie, on a participé ensemble au roman collectif « 13, cours des chevaliers du mail ». Il ne s’est jamais remis de ces dix années. Il avait une aversion profonde pour l’injustice et n’a jamais accepté les compromis. Après avoir été un des auteurs phares du néo-polar dans les années 70, et fait un peu tous les boulots de l’écriture (nègre, auteur de romans érotiques), il était pratiquement oublié à la fin de sa vie. Il publia notamment, sous forme de pamphlet, avant de mourir : « Citadelles de l’oubli », un nouveau et actualisé réquisitoire contre la prison.
Gallimard, collection La noire
On peut voir Ici Alain Dubrieu, invité d'Apostrophes, en 1979