En Suisse, la Justice a confirmé le renvoi en Iran d'un homosexuel iranien, condamné à deux ans de prison avec sursis, alors qu'il craint d'être persécuté dans son pays, selon un arrêt publié le 14 février 2011, par une des plus hautes instances juridiques helvétiques.
Condamné par la justice bernoise à 24 mois de prison avec sursis pour infraction à la loi fédérale sur les stupéfiants, cet Iranien de 35 ans, pacsé à un Bernois, s'était vu refuser le renouvellement de son permis de séjour par l'Office fédéral des migrations helvétique.
L'homme avait fait appel de la décision de l'Office auprès de plusieurs tribunaux cantonaux avant de porter l'affaire devant le Tribunal administratif fédéral (TAF).
Selon l'arrêt du TAF rendu le 18 janvier, il avait fait valoir que la situation des homosexuels s'était considérablement détériorée en Iran depuis l'arrivée au pouvoir de Mahmoud Ahmadinejad, en particulier ces derniers mois.
L'arrêt précise que de son côté, l'Office fédéral des migrations helvétique avait expliqué aux juges que les homosexuels en Iran n'étaient pas menacés s'ils vivent leur homosexualité de "façon discrète et privée".
Dans ses conclusions publiées le 14 février, le TAF explique que les craintes de l'Iranien ne sont pas justifiées.
Il souligne que l'homme a voyagé en Iran une fois seul et deux fois avec son compagnon. Deux de ses voyages ont eu lieu après l'entrée au pouvoir de Mahmoud Ahmadinejad.
Le TAF dit également ignoblement qu'"à l'heure actuelle, il n'existe aucun cas connu en Iran où une personne a été condamnée en raison de son orientation sexuelle".
Effectivement, l'Iran n'a jamais reconnu officiellement de tels chefs d'inculpation, préférant évoquer des viols.
D'ailleurs, en 2007, le Président Mahmoud Ahmadinejad avait affirmé qu'il n'y avait pas d'homosexuels dans son pays, lors d'un débat à l'Université de Columbia à New York.
Mais si la justification du TAF suisse s'accorde parfaitement avec le discours officiel de Téhéran, elle s'accorde mal avec les témoignages des LGBT iraniens qui dénoncent les exactions et les inculpations.
Les juges déclarent aussi que pour les autorités suisses "l'homosexualité n'est pas rare dans la société iranienne et la discrimination systématique n'a pas été décelée".
Ils osent écrire "Dans la pratique, l'homosexualité est tolérée par les autorités quand elle n'est pas pratiquée ouvertement et de façon offensive".
Amnesty International a exprimé "son inquiétude".
L'organisation déclare dans un courriel à l'AFP, "Il n'est pas acceptable que le tribunal déclare que s'il (l'Iranien) dissimule son homosexualité, il n'aura pas de problèmes", ajoutant "Être contraint d'abandonner ou de dissimuler son orientation sexuelle" peut en soi "constituer une persécution".
Ce gay iranien était arrivé en Suisse en décembre 2000.
Il avait fait une demande d'asile qui avait été rejetée deux fois, mais il avait obtenu un permis de résidence de court terme après s'être pacsé en décembre 2004.
Voilà donc la Justice d'un pays occidental et démocratique.
Il est vrai que la Suisse est un pays qui n'aime pas les étrangers.
Seigneur, fais que soient accueillis ceux que l'on persécute.