Batch ’81 - Alpha Kappa Omega : Confrérie

Publié le 16 février 2011 par Diana
Avec des auteurs comme Lino Brocka, « Tikoy » Aguiluz ou encore Jose Gosienfago, Miguel Pamintuan de Leon plus connu comme Mike de Leon fait partie des grands noms du cinéma philippin. Avec Batch ’81 - Alpha Kappa Omega (1982), il signe une œuvre dramatique qui nous plonge dans l’univers d’une confrérie universitaire, l’Alpha Kappa Omega. A travers le quotidien de la confrérie, nous suivons sept novices dans leurs épreuves qui leurs permettront d’être des membres des fameuses trois lettres grecques, AKO…
Batch ’81 nous est raconté par le personnage principal, Sid Lucero. Ce dernier comme six de ses camarades désirent appartenir à la confrérie AKO. C’est à travers les yeux de ce personnage que le cinéaste Mike de Leon nous révèle l’expérience à part entière que ces nouveaux entrants doivent endurer. Sous le joug d’étudiants plus âgés qui se font appeler « maître », les novices endurent les pires humiliations physiques et mentales. L’aliénation dans laquelle ces novices sont pris défraie les chroniques liées à la violence. Cette violence exacerbée, Mike de Leon la dénonce avec force en réalisant cette œuvre sociale au contenu politique. Comprendre où veut en venir l’auteur avec Batch ’81 c’est aussi comprendre et connaître les Philippines par le biais de son histoire. Il y dénonce ici la loi martiale (en rigueur jusqu’en janvier 1981 sous l’ère Marcos) ainsi que ses conséquences sur la population. Une critique violente sur la réalité qu’ont connue les philippins. Dans ce contexte, Batch ’81 s’avère une œuvre cinématographique à part, démontrant l’audace d’un cinéaste d’aller à l’encontre d’un gouvernement qu’on pourrait qualifier d’autoritaire. Le film nous enfonce insidieusement vers ce point de non-retour. Un chemin ensanglanté et meurtrier que prennent les novices et qui se conclura par une sinistre destinée où la finalité, l’entrée dans cette confrérie, se fait au prix fort.
Pour info, Batch ’81 a subit les foudres de la censure. Mais le film de Mike de Leon fut « sauvé » par la fille du Président Ferdinand Marcos, qui a notamment été l’investigatrice de la première du film qui s’est tenue dans un théâtre de Manille. Mike de Leon a remporté pour ce film le prix du meilleur scénario au Film Academy of the Philippines (FAP). Batch ’81 a également été présenté à la Quinzaine des Réalisateurs du Festival de Cannes de 1982 avec un autre film de Mike de Leon, Kisapmata (1981), traitant entre autre de l’inceste, du suicide et du parricide.
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