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Jacques Cœur, trésorier de Charles VII, par Georges Bordonove

Publié le 16 février 2011 par Mpbernet

Bourges_010« A coeur vaillant, rien d’impossible », et « dire, faire, taire » étaient les devises de Jacques Cœur, marchand, armateur, banquier du roi Charles VII, financier, maître des monnaies, entrepreneur de mines et ministre des Finances, chargé de missions diplomatiques, premier fondateur d’une multinationale du luxe à la française…Déjà !

J’ai choisi le court ouvrage de Georges Bordonove, écrivain prolixe spécialiste de l’époque troublée de la guerre de Cent ans et des guerres de Vendée (1920-2007). A travers une biographie, fut-elle approximative, on appréhende bien l’esprit de ce temps, entre fin du Moyen-Age et Renaissance, juste avant les grandes découvertes.

Jacques Cœur naquit à Bourges en 1400, dans une famille de riches pelletiers (fourreurs) originaires du Bourbonnais. Il commence son ascension sociale par un beau mariage avec Macée de Léodepart, fille du maître des monnaies de Bourges, alors capitale d’une France occupée par les Anglais et les Bourguignons. Sa belle-famille le met en contact avec la Cour, il devient rapidement le familier de Charles VII et surtout son pourvoyeur de liste civile, puis son intime et surtout son créancier pour financer la recouvrance du territoire.

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Avec un égal bonheur, il menait ainsi de front les missions officielles et ses propres affaires. A cette époque, on ne fait pas de distinction entre les affaires publiques et son patrimoine. Doué d’un talent de persuasion inné et d’une force de travail phénoménale, Jacques Cœur est nommé Maître des monnaies de Bourges en 1436, puis Maître des monnaies de Paris en 1438, Argentier du Roi , il est anobli  en 1440. Sa fortune devient considérable à partir du moment où il décide de faire construire ses propres navires pour commercer avec le Levant : étoffes, joyaux, épices, métaux précieux. Il va sur place, établit des comptoirs, tisse un réseau de « facteurs ».

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Vers 1450, l’entreprise Cœur compte 300 succursales en Europe et au Proche-Orient. Il est donc sur la voie de fonder une dynastie, comme celle des Médicis. Quel destin que celui d’un petit bourgeois berrichon ! Selon Mathieu d’Escouchy, ses bénéfices équivalent à ceux de tous les autres marchands français.

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Tant d’opulence, tant d’influence auprès de Charles VII, tant de services rendus – en particulier le financement de la campagne qui conduit à la reconquête de la Normandie et de la Guyenne en 1449 et 1450 – suscitent des envieux.

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Peut-être en fait-il trop ?

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Ce somptueux palais où l'on voit partout le cœur  soutenir la fleur de lys, quelle présomption pour un homme non né noble....

Comment la couronne pourra-t-elle le rembourser ? Et le jeune Dauphin , futur Louis XI, qui piaffe d’impatience de prendre la place de son père, comment le considère-t-il, lui, l’ami de la belle Dame de Beauté, Agnès Sorel, la jeune maîtresse du Roi, à laquelle il fournit robes et bijoux de prix ?

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Jacques Cœur est arrêté et ses biens confisqués en 1451. On lui reproche une série de malversations, sans doute en partie réelles, d’avoir exporté du métal précieux avec la marque du roi de France, mais surtout d’avoir empoisonné la belle Agnès, morte en couches à 28 ans. Crime qui relève de la délation pure et simple, avouée par la délatrice, mais dont il ne sera pas blanchi pour autant.

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Son procès sera instruit uniquement à charge par ses concurrents, ses richesses seront vendues à l'encan et réparties entre le Roi et les magistrats qui l’accusent…Il reste  trois années en prison, subit la torture, avoue tout ce qu’on lui demande d’avouer. Son épouse en meurt de chagrin.

Mais sa destinée n’est pas terminée : avec l’aide de ses collaborateurs restés fidèles, il s’évade et fuit à Rome où il est accueilli chaleureusement par le Pape Nicolas V qu’il avait bien servi lors d’une précédente ambassade. Le pape Calixte III lui confie le commandement d’une flotte de  grandes galères de combat, destinée à secourir les îles de Rhodes, Chio, Lesbos et Lemnos. Affaibli par sa captivité, malade ou blessé, Jacques Cœur trouve la mort dans cette aventure en novembre 1456.

Un parcours fantastique, un destin ressemblant à celui de Nicolas Foucquet qui indisposa  Louis XIV, un acharnement mis à le perdre par des courtisans envieux de sa réussite et des nobles débiteurs qui rappelle étrangement la hargne de certains contre un argentier contemporain … Depuis le XVème siècle, rien n’a changé dans le royaume….

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Jacques Cœur, Trésorier de Charles VII, par Georges Bordonove (1977), Editions Pygmalion, 244 p. 19,90€


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Par Bernadette Benard
posté le 17 septembre à 10:08

Merci pour la documentation J'ai créé un album, en rapport d'une visite faite, et vous ai pris quelques extraits pour documenter mes photos.

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