Félix Faure, homme politique français (1841-1899). Président de la République (1895-1899), il contribua au renforcement de l’alliance franco-russe. Telle est la courte notice qui lui est consacrée dans le Petit Larousse. Pourquoi parler de cet homme aujourd’hui ? Parce que c’est le 16 février 1899 qu’il s’est éteint et que se sont les conditions de son décès qui l’ont rendu « célèbre » si je puis dire.
Ce 16 février, Félix Faure président de la République est victime d’une crise d’apoplexie dans les bars de sa maîtresse qu’il recevait dans un salon de l’Elysée. Les communiqués officiels transforment sa mort en une terrible agonie et ne mentionnent pas la présence de la célèbre Marguerite Steinheil. Deux jours plus tard, Emile Loubet est élu nouveau président de la République Française.
En 1863, Félix Faure est employé dans une maison de peausserie du Havre. En janvier 1867 devenu négociant en cuir il fonde sa première société « Félix Faure et Cie » : il est ainsi l'un des premiers à acheter des cargaisons avant leur accostage en Europe. Républicain modéré, de plus en plus enraciné au Havre, il fait pour la première fois acte de candidature aux élections municipales des 6 et 7 août 1870, en pleine guerre franco-allemande. Benjamin, de la « liste démocratique » qui remporte tous les sièges au conseil municipal, Félix Faure est élu au 22e rang. Ces premiers pas en politique le conduiront plus tard (1895) à la présidence de la République.
Tout gamin dans les années 1950 j’avais entendu parler de ce Félix Faure et j’en ai encore le souvenir pour plusieurs raisons. Mon grand-père natif du Havre – tandis que Faure s’y était implanté - l’évoquait souvent à mots couverts, sous-entendus grivois que je ne comprenais pas mais qui m’intriguaient diablement ; et puis Félix, quel prénom ! Indirectement ce Faure était entré dans ma famille par la petite porte des faits divers et ragots croustillants, trop fort !
Qui était Marguerite Steinheil, sa maîtresse ? En 1897, il rencontre à Chamonix, Marguerite Steinheil épouse du peintre Adolphe Steinheil auquel est confiée une commande officielle ce qui permet à Félix Faure de se rendre souvent impasse Ronsin, à Paris, à la villa « Le Vert Logis » où réside le couple Steinheil. Bientôt, Marguerite devient la maîtresse de Félix Faure et le rejoint régulièrement dans le « salon bleu » du palais de l'Élysée.Le 16 février 1899, Félix Faure téléphone à Marguerite et lui demande de passer le voir en fin d'après-midi. Quelques instants après son arrivée, les domestiques entendent un coup de sonnette éperdu et accourent : allongé sur un divan, le président râle tandis que Marguerite Steinheil réajuste ses vêtements en désordre. Félix Faure meurt quelques heures plus tard.
Il est en fait mort d'une congestion cérébrale. La rumeur veut que Faure soit mort dans les bras de sa maîtresse Marguerite Steinheil. Dès les jours qui suivent, le Journal du Peuple avance qu'il est mort d'avoir « trop sacrifié à Vénus », c'est-à-dire d'un effort excessif dans le cadre de l'acte sexuel. La plaisanterie populaire va jusqu'à préciser que c'est par une fellation, que la maîtresse provoqua l'orgasme qui lui fut fatal. La petite histoire retient que lorsque le médecin arriva, il demanda : "Le Président a-t-il toujours sa connaissance ?" et la réponse fut "Non, Monsieur, on l'a fait sortir par une porte dérobée".
Marguerite Steinheil fut alors surnommée la « Pompe funèbre ». Les chansonniers de l'époque disent de lui « Il voulait être César, il ne fut que Pompée » allusion au goût du président pour le faste dont les satiristes de l'époque avaient coutume de se moquer ou à la fellation qui prétendument provoqua sa mort. On a dit aussi qu'il avait été empoisonné par des dreyfusards, thèse reprise par Édouard Drumont (1844-1917) dans son journal La Libre Parole, où il affirmait qu'un cachet empoisonné avait été placé parmi les médicaments que prenait le président.
Par ailleurs on notera qu’en 1909, dix ans après la mort de Félix Faure, Marguerite Steinheil est jugée et acquittée pour le meurtre de son mari et de sa mère, commis à leur domicile parisien, impasse Ronsin, dans la nuit du 30 au 31 mai 1909…